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Vacances scolaires : les profs ne veulent pas «revivre le coup du "débrouillez-vous"»

Le président du Conseil scientifique préconise une semaine de vacances supplémentaire, les trois zones réunies. Le gouvernement maintient le scénario habituel.
par Victor Boiteau
publié le 25 janvier 2021 à 19h53

«On est toujours les derniers informés, glisse une enseignante dans une école primaire bretonne. A chaque décision, on l'apprend d'abord dans la presse.» Comme elle, nombreux sont les professeurs à attendre les décisions concernant les prochaines vacances. Y aura-t-il trois semaines en février ? Ou deux ? Pour tout le monde nême temps ou par zones ? Vendredi, le ministre de l'Education nationale indiquait qu'aucune évolution sur le sujet n'était à prévoir prochainement. «Les vacances de février ont vocation à être à la date prévue, durer deux semaines pour chacune des zones et ne pas être changées», affirmait Jean-Michel Blanquer sur RTL.

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Reste que face à la progression de l'épidémie, l'ombre d'un nouveau confinement plane. Et, avec elle, des changements concernant l'école. Le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, propose notamment d'allonger la durée vacances scolaires : trois semaines au lieu de deux et une seule zone plutôt que trois. «Tant qu'il n'y a pas d'annonces du gouvernement, on reste sur le scénario normal : deux semaines de vacances, différées selon les zones», écarte-t-on ce lundi rue de Grenelle.

Crainte du «débrouillez-vous»

A deux semaines du début des vacances d'hiver, le 6 février pour la zone A, les incertitudes sont nombreuses. Les enseignants craignent une mesure annoncée à la dernière minute. «Ces solutions sont source de désorganisation, prévient ainsi Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa (syndicat minoritaire). Ces décisions doivent être annoncées le plus vite possible. Nous ne voulons pas revivre ce que nous avons connu au printemps.» En mai, après l'annonce de la réouverture des écoles, les directeurs d'établissements et enseignants étaient dans le flou sur la marche à suivre. Et tentaient d'y voir plus clair, à travers des annonces gouvernementales jugées confuses. «On ne s'attend pas à ce que le ministère ait une boule de cristal, avance Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc, minoritaire). Mais que des scénarios, des hypothèses soient proposés […] On ne veut pas revivre le coup du "débrouillez-vous".»

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L'hypothèse d'un calendrier modifié ne rassure pas non plus les parents, à en croire Rodrigo Arenas, coprésident de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). «Depuis la rentrée, on propose au ministère d'anticiper sur les scénarios possibles […] On est toujours en train d'attendre la queue du Mickey. C'est décourageant pour les parents, mais aussi pour les enseignants.»

Une fermeture «catastrophique»

Une troisième semaine de vacances poserait notamment la question de la garde des enfants. Une contrainte pour des parents ayant déjà réservé des séjours, posé des congés ou organisé la garde de leurs enfants. D'autant plus que «tous les modes de garde sollicités habituellement sont remis en cause par la crise sanitaire : les grands-parents, les colonies, les activités périscolaires, explique Sandra Hobian, directrice du pôle société au Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc). L'incertitude est donc forte chez les parents.»

Plus qu'un calendrier des vacances modifié, le corps enseignant craint surtout une nouvelle fermeture des écoles. Une hypothèse «concevable en cas de nécessité absolue», a prévenu Blanquer dimanche, tout en rappelant que «l'école reste essentielle pour nos enfants.» «Le premier confinement et la fermeture des écoles ont été catastrophiques pour les élèves les plus fragiles», acquiesce l'enseignante bretonne citée plus haut. Les inégalités, déjà fortes en primaire notamment, se sont ainsi creusées lors du premier confinement, comme l'ont observé de nombreux professeurs. «La crainte majeure c'est qu'on en arrive à la fermeture totale des écoles, abonde Jean-Rémi Girard. On souhaite tous éviter ça.» Dimanche, le ministre s'est voulu rassurant. «La situation permet la continuité scolaire, a-t-il assuré dans le JDD. Suffisant pour rassurer parents et enseignants ? Les jours à venir le diront.

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