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Confinement : allonger les vacances de février, un scénario sur la table

Au sein de l'exécutif, l'idée d'allonger les vacances d'hiver pour en faire une sorte de « confinement masqué », pendant trois voire quatre semaines, est une idée qui fait son chemin. « Notre objectif est que les enfants puissent continuer à apprendre », a expliqué ce jeudi matin le porte-parole du gouvernement. « Mais rien n'est exclu ».

Un allongement des vacances serait, « le cas échéant, une formule qui permettrait d'avoir une sorte de confinement masqué », selon le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.
Un allongement des vacances serait, « le cas échéant, une formule qui permettrait d'avoir une sorte de confinement masqué », selon le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. (Jean-Francois Badias/AP/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 27 janv. 2021 à 15:07Mis à jour le 28 janv. 2021 à 12:15

Allonger les vacances d'hiver pour les faire durer trois ou quatre semaines, quelle que soit la zone à laquelle appartiennent les élèves : c'est un scénario sur lequel planche l'exécutif et qui circule avec insistance. « Cela permettrait de confiner un mois en ne fermant les établissements que deux semaines », plaide un ministre.

Le gouvernement a « toujours comme boussole, autant que c'est possible, de permettre à nos enfants d'aller à l'école », a souligné ce jeudi matin, Gabriel Attal. Mais avec l'émergence de variants du virus, « tous les scénarios sont sur la table, rien n'est exclu », a expliqué le porte-parole du gouvernement. Avec les vacances de février qui approchent, « il est évidemment possible de réfléchir à allonger les vacances d'un côté ou de l'autre. Mais notre objectif est que les enfants puissent continuer à apprendre », a-t-il insisté.

« Avoir un enfant scolarisé augmente votre risque d'être contaminé, s'il est en lycée ou collège », rappelait le professeur Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, la semaine dernière sur France Inter. Il citait l'exemple de l'Irlande, qui avait gardé les écoles ouvertes et a dû les refermer au moment de l'arrivée du variant anglais.

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La chercheuse Vittoria Colizza, directrice d'un laboratoire spécialisé dans la modélisation des épidémies à l'Inserm, affirme aussi, au « Monde », que l'ouverture des collèges et des lycées « a un effet significatif sur la circulation du virus et sur le nombre d'hospitalisations ».

VIDEO. L'efficacité du couvre-feu à 18 heures « n'est pas suffisante » à ce stade

« Un échec pour le pays »

Mais Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, veut tout faire pour garder les écoles ouvertes. Alors que lundi soir, sur LCI, il avait défendu que « les vacances peuvent être plus contaminantes que la vie scolaire », il a à nouveau poussé, ce jeudi matin sur France 2, ses arguments. « A ce stade les contaminations n'explosent pas en milieu scolaire », elles se maintiennent à « 2.000 par jour », un chiffre « inférieur » à ceux enregistrés en novembre, et « il n'est pas du tout démontré qu'on se contamine davantage en milieu scolaire qu'en dehors », a-t-il fait valoir en fustigeant « les gens qui vont sur les plateaux (de télévision) pour très facilement brader l'école ».

Il a considéré qu'une fermeture « serait un échec pour le pays » alors que pour l'heure la France « se détache positivement » sur ce terrain par rapport à ses voisins. Le ministre a expliqué qu'il faisait son « maximum » pour que les vacances se déroulent donc comme prévu mais que « ça peut encore changer ».

« On ne peut pas isoler l'école de la société »

Mais il sème « des petits cailloux » pour préparer un éventuel changement de position, comme sur le bac , décrypte un observateur avisé du monde éducatif. Si, « pendant trois semaines, les élèves restent chez eux toutes zones confondues », cet allongement des vacances serait, « le cas échéant, une formule qui permettrait d'avoir une sorte de confinement masqué », avance aussi Jean-Michel Blanquer. Même s'il n'est « pas convaincu à ce stade que c'est ce qui permettrait d'atténuer les contaminations ». Dans le « JDD », dimanche dernier, il admettait que la fermeture des écoles restait « concevable en cas de nécessité absolue ».

Dans l'Education nationale, l'idée selon laquelle l'école serait un lieu de circulation limitée du virus a de plus en plus de mal à passer. « On est à l'école puis on rentre chez soi, on voit sa famille, ses proches, on n'est pas dans une bulle totale, je ne vois pas comment on pourrait isoler l'école de la société », estime Philippe Vincent, à la tête du principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN.

Et après les vacances ?

Si les vacances sont prolongées, une question majeure se pose : celle de la garde des enfants. « Je mettrai un accueil pour les parents et pour offrir des activités aux enfants », confie Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidente de l'association Villes de France. Les centres de loisirs sont en théorie ouverts aussi aux collégiens jusqu'à un certain âge, précise-t-elle, sans s'engager sur la possibilité effective de les accueillir.

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Les personnels des collectivités seraient-ils en nombre suffisant pour un accueil plus long et plus massif dans les centres de loisirs ? La maire de Beauvais évoque la « solidarité » entre agents qui pourrait « jouer », conduisant par exemple à mobiliser « les maîtres-nageurs qui n'ont plus d'enfants dans les piscines ou ceux des médiathèques si elles sont fermées ».

Mais d'autres élus s'inquiètent. Afin de préparer le terrain avant une décision, Jean Castex mènera ces jeudi et vendredi une série de consultations, avec notamment les associations d'élus. Un autre sujet inquiète, au ministère de l'Education nationale : que se passera-t-il après ce temps de « vacances harmonisées » si la situation sanitaire n'est pas satisfaisante ? Les difficultés de l'enseignement à distance du premier confinement sont dans toutes les têtes.

Marie-Christine Corbier

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