En donnant un violent coup de frein à la mobilité internationale, la crise sanitaire a dérobé aux écoles ce qui était devenu, depuis vingt ans, leur grande priorité : le monde. Pour l’instant dépourvues de leviers de croissance au-delà de nos frontières, les business schools sont amenées à se recentrer sur leur territoire et les villes qui les ont vues naître. L’occasion pour elles de faire le point sur leur impact économique, leur influence institutionnelle et politique, et le rôle qu’elles peuvent jouer dans le développement d’un territoire en temps de crise. Après ces années de stratégie globale, ont-elles encore un chez-elles ? Revue des liens qui unissent les grandes écoles à leurs terres.
Il semble déjà loin, le temps des ESC (écoles supérieures de commerce), avec le nom de leur ville si bien accolé qu’on le croyait accroché pour toujours… ESC Troyes, ESC Grenoble, ESC Montpellier, ESC Nantes, ESC La Rochelle : toutes sans exception ont changé de nom. Pire, elles en ont, souvent, allègrement effacé celui de la ville qui les accueillait, si celle-ci ne possédait elle-même, sinon un rayonnement, du moins une notoriété soluble dans une grande stratégie internationale (Grenoble en tant que pôle technologique, Strasbourg comme que capitale européenne, South Champagne Business school pour les bulles,…). Sont ainsi apparues, dans les années 2000 et à mesure que les chambres de commerce et d’industrie (CCI) locales baissaient leur contribution financière, des entités nouvelles, nommées Skema, Neoma, Audencia, Kedge, Y Schools (laquelle a néanmoins sauvé la lettre Y du nom Troyes), Excelia… Et, comme pour solder une époque définitivement révolue, la plus ancienne école de commerce du monde, ESCP Europe, est elle-même devenue, l’année dernière, ESCP Business school, considérant sans doute que l’Europe elle-même n’était plus à l’échelle de sa stratégie.
La sève des territoires
D’autres ont [...]