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L’État a réussi à contenir l’explosion du chômage en 2020

Dans une agence Pôle emploi. Photo d’illustration. CHARLES PLATIAU/REUTERS

Le nombre d’inscrits dans les catégories de Pôle emploi a bondi de 260.000 l’an dernier, deux fois moins que lors de la crise financière en 2009.

Tous s’attendaient à un raz-de-marée et à un afflux de chômeurs sans précédent devant les portes des agences Pôle emploi en 2020 après le déclenchement de la crise… Force est de constater que ce scénario du pire a, pour l’heure, été évité. S’il ne fait pas de doute que la crise du Covid-19 a bel et bien mis à mal le marché du travail tricolore ces derniers mois, effaçant plusieurs années d’amélioration nette et constante, le choc traversé depuis mars dernier s’avère toutefois moins fort que redouté.

Ainsi, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A (sans activité) de Pôle emploi en France entière (hors Mayotte) a bondi de 265 400 sur l’ensemble de l’année 2020 pour atteindre 3,817 millions de personnes. Soit une hausse annuelle de 7,5 %, selon les données communiquées mercredi par Pôle emploi et le ministère du Travail. Si on élargit le spectre en intégrant les inscrits dans les catégories B et C (chômeurs en activité réduite qui ont exercé un petit boulot sur la période), la hausse est quasi identique sur un an, mais à un niveau nettement plus élevé, tout juste supérieur à la barre des… 6 millions de personnes.

Tout porte donc à croire que les différents dispositifs d’aide aux entreprises et de maintien de l’emploi, avec en particulier le mécanisme de chômage partiel, déployés par l’exécutif depuis mars 2020 ont permis de limiter la casse sociale sur le front de l’emploi. Car, pour se donner un point de comparaison, lors de la crise financière des années 2010, le nombre de demandeurs d’emploi avait explosé de 509 000 en catégorie A de Pôle emploi et de 657.900 dans les trois premières catégories. Soit une augmentation deux fois supérieure à celle enregistrée sur l’ensemble de l’année 2020.

«Même si les chiffres sont très violents et vraiment pas communs, ils restent moins effrayants que ce à quoi on pouvait s’attendre. Indéniablement, le chômage partiel a permis de préserver l’emploi mais aussi de lisser les destructions d’emplois et les licenciements. Cela signifie que tant que ces aides seront maintenues, on ne verra pas tous les effets de la crise sur l’emploi», estime Erwann Tison, directeur des études de l’Institut Sapiens.

Les chiffres du deuxième trimestre, qui attestaient de 830.900 nouvelles arrivées de demandeurs d’emploi en catégorie A de Pôle emploi, laissaient pourtant présager le pire pour l’année 2020. Mais depuis, la tendance s’est nettement inversée avec un reflux de 483 200 chômeurs au troisième trimestre du fait d’un jeu de bascule entre les différentes catégories de Pôle emploi. En effet, si le nombre de chômeurs avait diminué en catégorie A à l’été, il progressait en revanche de 453 800 pour les catégories B et C. Entre les lignes, cela signifiait que toutes les personnes qui s’étaient retrouvées au deuxième trimestre sans aucune activité - et de facto avaient basculé massivement en catégorie A - revenaient peu à peu là d’où elles viennent, soit en activité réduite, et reprenaient des petits boulots ici ou là.

Débrancher les aides

Et malgré un couvre-feu et un reconfinement, les chiffres du quatrième trimestre confirment bien cette dynamique plutôt positive avec une nouvelle baisse de 2,7 % en catégorie A, soit 107 400 personnes en moins, et de 1 % en catégorie B. Seule la catégorie C connaît une augmentation de 2,5 %.

Jusqu’ici, les entreprises ont encore peu licencié, supprimant surtout les emplois en CDD ou en intérim, véritable variable d’ajustement de la crise. Toutefois, pour 2021, le contexte reste très incertain, alors que l’épidémie ne faiblit pas et que la menace d’un troisième confinement se fait de plus en plus précise. De fait, l’embellie sur le front de l’emploi n’est pas attendue au premier trimestre, ni même au premier semestre selon de nombreux économistes.

D’après ces spécialistes, la manière dont l’exécutif débranchera les aides aura un impact direct sur la situation à venir sur le marché du travail. «Le chômage partiel est le meilleur bouclier pour protéger l’emploi. Mais il faut avoir en tête qu’il fige les situations: d’une certaine manière, il empêche les recrutements et aussi les licenciements. Donc on peut craindre qu’une fois cette aide débranchée, le pire soit à venir», explique Erwann Tison. Le message est clair, l’optimisme ne doit pas être de mise.

L’État a réussi à contenir l’explosion du chômage en 2020

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3 commentaires
  • yohan deda

    le

    La facture va tomber cette année et elle sera salée.

  • Sergio I

    le

    Heureusement que le gouvernement a mis en place le chômage partiel! Toutes les cassandre prévoyaient une catastrophe et finalement l'augmentation est très contenue!
    Merci à Macron d'avoir pris des actions efficaces très tôt

  • 3478

    le

    Les Français paieront sur plusieurs générations la générosité de Macron.

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