Alors qu’il est arrivé au pire moment sur le marché du travail, en 2009, pendant la crise économique, Sylvain Quilghini, chef de plateau modelage design chez Renault, a réussi son intégration professionnelle «sans trop de difficultés». «Même si actuellement la crise sanitaire complique la donne, il s’agit d’un métier qui continue d’être porteur», explique-t-il. Le modeleur 3D travaille étroitement avec le designer pour représenter ou finaliser les formes imaginées par ce dernier.» Les constructeurs automobiles sont friands de modeleurs 3D pour finaliser leurs véhicules, les équipementiers et les sous-traitants automobiles aussi. «Un designer peut modéliser lui-même une brosse à dents ou un aspirateur. Mais dans l’automobile, la tâche est plus pointue et exige de la finesse», poursuit Sylvain Quilghini. D’autres secteurs recrutent: l’industrie aéronautique, ferroviaire, la fonderie, le prototypage… Le secteur du luxe (joaillerie, bijouterie, accessoires de mode…) aussi a besoin de ces profils.

» LIRE AUSSI - Incrivez-vous en ligne à notre événement Art, Création & Communication

«En effet, modeler à la main les matériaux peut être coûteux alors que décliner les gammes en 3D et retravailler les modélisations numériques est bien plus économique», nous explique Sébastien Kunz, directeur de la communication de Strate, une école de design à Sèvres dans les Hauts-de-Seine qui propose une formation dans ce domaine pointu depuis quatorze ans.

Chaque année, une vingtaine d’étudiants intègrent la première année du bachelor de modeleur 3D de Strate. Et entre 80 et 90 % des diplômés trouvent un emploi dès leur sortie d’école. Les étudiants ne sont pas sélectionnés via Parcoursup mais passent des entretiens d’admission. Environ 20 % des candidatures sont retenues pour cette formation qui coûte entre 8 900 et 10 500 euros par an. Leo Mercuri, 23 ans, qui a obtenu son bachelor modelage 3D en 2018, conseille aux candidats de se présenter à l’entretien avec quelques «travaux». «J’y suis allé dans l’optique d’intégrer le cursus design mais j’ai découvert le modelage. J’ai présenté des créations et des reproductions Photoshop. Le jury m’a alors conseillé le modelage qui consiste moins à créer mais à reproduire et analyser des visuels.»

Il est important aussi d’avoir un bon relationnel

Les profils des étudiants sont variés. «Peu importe le bac d’origine, nous recherchons des étudiants passionnés par la forme, les objets, la 3D et qui sont à la fois dotés d’un imaginaire et d’aptitudes techniques», précise Sébastien Kunz.

Il est important aussi d’avoir un bon sens du relationnel. D’ailleurs, à Strate, les modeleurs et les designers se côtoient dès la formation. Cette mise en situation les prépare au monde de l’entreprise. «Il faut faire fonctionner en synergie des équipes de plusieurs designers et modeleurs pour aboutir à la réalisation d’un objet cohérent comme si une seule personne l’avait pensé et fabriqué», reprend Sylvain Quilghini. À Strate, les étudiants effectuent des stages durant leurs trois années de formation.

Une fois diplômés, certains étudiants poursuivent dans l’animation 3D ou dans la filière design pour acquérir la double compétence modeleur/designer. Bon à savoir, les entreprises sont aujourd’hui en quête de femmes pour équilibrer leurs équipes, restées trop longtemps masculines.