En mars 2020, le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) tirait le signal d’alarme : un tiers de ses membres pourrait baisser le rideau à la suite de la pandémie de Covid-19. Moins d’un an plus tard, la situation est sombre, mais moins tragique que redouté, comme l’atteste une enquête commandée aux économistes Nathalie Moureau et Olivier Mouate, portant sur la période de janvier à octobre 2020.
Certes, 78 % des galeries affichent un bilan en recul. Et les pertes essuyées sont conséquentes : un tiers ont vu leur chiffre d’affaires chuter de 25 % à 50 % par rapport à 2019, tandis qu’un autre tiers subit une baisse supérieure à 50 %. Fatalement, 25 % des galeries ont dû réduire leurs effectifs. Mais rares sont celles à avoir tiré le rideau. « Pour l’instant, les quelques fermetures recensées sont liées à des fragilités antérieures », admet Marion Papillon, présidente du CPGA.
Sans doute parce que les filets de sécurité actionnés par l’Etat ont permis à la plupart de garder la tête hors de l’eau. Ainsi, 59 % des galeries ont bénéficié d’une aide au chômage partiel, 32 % d’une exonération de charges et 45 % du fonds de solidarité. Une galerie sur deux a aussi eu recours au prêt garanti par l’Etat, principalement celles dont les chiffres d’affaires s’échelonnent de 500 000 euros à 3 millions d’euros.
Budget d’achat
Seules un tiers des galeries dont le chiffre d’affaires est inférieur à 500 000 euros ont mobilisé cette aide, sachant que les banques, redoutant les risques de surendettement et d’insolvabilité, n’ont ouvert les vannes du crédit qu’avec parcimonie. Si 70 % des galeries ont demandé une modulation de leurs loyers, seules 38 % l’ont obtenue. Principales bénéficiaires, celles logées chez les bailleurs sociaux parisiens, qui ont voté en juin 2020 une exonération des loyers et des charges de leurs locataires du secteur culturel pendant six mois.
Le soutien public s’est aussi exprimé dans les acquisitions. Le budget d’achat du Centre national des arts plastiques a ainsi doublé au cours de la période considérée, passant de 600 000 euros à 1,2 million d’euros. En 2021, cet établissement public compte distribuer 2 millions d’euros aux galeries d’art contemporain réalisant un chiffre d’affaires entre 80 000 euros et 800 000 euros – soit la majorité des enseignes françaises.
Surtout, depuis que les contraintes sanitaires ont provoqué la fermeture des musées, les galeries, dernier bastion où il est encore possible de voir de l’art et de socialiser, ne désemplissent pas. « On a une fréquentation inhabituelle, reconnaît Marion Papillon. J’ai revu des collectionneurs qui ne venaient plus depuis six ou huit mois. » Mais, poursuit la présidente du CPGA, « cela ne se traduit pas forcément par une activité débordante. Les prises de décisions sont plus lentes, l’ambiance est tout sauf optimiste. On ne sait pas où on en est ».
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