Tribune. Les difficultés des jeunes sont à juste titre très présentes dans le débat public. Les effets de la pandémie aggravent considérablement trois problématiques essentielles : le chômage, la pauvreté et l’isolement. Comme sur d’autres sujets, la pandémie ne crée pas le problème, qui préexistait avec une situation plus défavorable en France que dans beaucoup d’autres pays, mais le révèle, l’amplifie, dans des proportions qui pourraient atteindre l’intolérable.
Cela fait ressurgir le débat sur la limite d’âge du revenu de solidarité active (RSA) qui, comme le revenu minimum d’insertion [le RMI, créé en 1988, a été remplacé par le RSA entré en vigueur en 2009], n’est pas accessible aux jeunes de moins de 25 ans, sauf s’ils ont des enfants à charge. Il ne fait pas de doute qu’un jeune de 23 ans a autant besoin de manger tous les jours et tous les mois de l’année et d’avoir un toit qu’un jeune de 26 ans. A 17 ans, un jeune à charge est pris en compte dans les allocations sociales de ses parents. A partir de 25 ans, on est éligible à un revenu minimum.
La question n’est pas donc pas de savoir si un jeune a besoin d’un revenu minimal – la réponse est évidemment oui –, mais si ce revenu doit être de même nature et obéir aux mêmes règles que celui qui s’applique aux autres catégories de la population.
Renforcer le lien entre revenu, formation et emploi
C’est là qu’il est légitime de prendre en compte ce qui caractérise cette période de la vie : une période où plus on a de diplômes, plus on a de chances de pouvoir assurer son emploi et son revenu le reste de sa vie ; une période où l’acquisition de premières expériences professionnelles peut faire une différence durable. C’est aussi une période où le statut change vite : vivre chez ses parents, vivre de façon autonome, être en formation, travailler, changer d’emploi, de voie, être volontaire en service civique, et malheureusement aussi, être au chômage. C’est également une période où, lorsqu’on n’a pas d’enfant à charge, situation couverte par le RSA, on peut considérer qu’on est plus mobile géographiquement et professionnellement.
Ces différences peuvent justifier, dans l’intérêt du jeune, non pas qu’on le prive de moyens de subsistance, mais qu’on fasse un lien beaucoup plus fort entre revenu, formation et emploi.
« L’objectif est d’éviter qu’un jeune soit sans aucun revenu et de faire en sorte que tous se retrouvent soit en formation, soit en volontariat, soit avec un emploi »
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