Publicité

Emploi : le nombre de cadres pourrait reculer cette année pour la première fois depuis 1993

Les embauches en baisse risquent de ne pas compenser les départs naturels et les licenciements en 2021, alerte l'Association pour l'emploi des cadres (Apec). Ce serait inédit depuis plus d'un quart de siècle. Mais 11 % des entreprises ont encore prévu d'embaucher au moins un cadre sur le premier trimestre, soit un pourcentage identique à celui du début du quatrième trimestre 2020.

Le nombre d'offres d'emploi de cadres a diminué de 13 % en décembre sur un an.
Le nombre d'offres d'emploi de cadres a diminué de 13 % en décembre sur un an. (Jean Claude MOSCHETTI/REA)

Par Alain Ruello

Publié le 3 févr. 2021 à 06:00Mis à jour le 3 févr. 2021 à 09:39

Après avoir sauvé les meubles l'an dernier, le marché de l'emploi des cadres va-t-il connaître cette année son premier recul depuis… 1993 ? C'est ce que craint le directeur général de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), notamment du fait des licenciements avec la crise. « Si nous n'avons pas plus d'embauches et si nous avons plus de départs, il y a un risque que les effectifs baissent dans le privé », a indiqué Gilles Gateau mardi lors de la présentation d'un baromètre sur les intentions de recrutements des entreprises.

Si cette prévision se confirme, cela démontrerait, si besoin était, l'ampleur inédite du choc du Covid puisque les effectifs de cadres - estimés à 4 millions - ont résisté à toutes les précédentes crises. Pour rappel, il y a un an, l'Apec s'attendait à près de 300.000 recrutements en 2020 , ce qui aurait constitué un record. Mi-octobre, la prévision a été revue en baisse de 40 % . Sans être catastrophiques, les intentions d'embauche manifestées en ce début d'année pointent sur un millésime 2021 à haut risque.

« Ni rebond ni plongeon »

Publicité

Du baromètre de l'Apec, il ressort que 11 % des entreprises ont prévu d'embaucher au moins un cadre sur le premier trimestre. Soit un pourcentage identique à celui observé en début du quatrième trimestre de l'année dernière et qui s'est globalement réalisé, malgré un décrochage observé dans les TPE.

« Ni rebond ni plongeon : c'est plutôt une bonne nouvelle dans le contexte actuel », estime Gilles Gateau qui souligne au passage une première : l'industrie manifeste la plus forte envie d'étoffer ses effectifs de cadres à court terme même si, en volume, les services à forte valeur ajoutée, comme l'informatique, représentent toujours les plus gros volumes d'embauches.

Il est encore trop tôt pour savoir comment cette stabilité apparente des intentions d'embauches de janvier à mars va évoluer sur les mois suivants. L'Apec produira ses prévisions annuelles vers avril. Si la situation ne change pas - et a fortiori si elle se détériore - cela risque de ne pas compenser les départs naturels ou contraints.

Moins d'offres d'emploi pour les jeunes

Anticipée pour la rentrée dernière, l'envolée du nombre de plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) ne s'est pas encore produite grâce au bouclier que constitue l'activité partielle . Cela n'empêche pas que leur nombre augmente semaine après semaine. Le dernier comptage en date du ministère du Travail fait état de 84.100 postes menacés dans le cadre des 804 PSE initiés depuis mars, soit près de trois fois plus que sur la même période l'année précédente. La part des postes de cadres concernés n'est pas connue mais pour Gilles Gateau, difficile que cette population y échappe.

Les intéressés, en tout cas, anticipent les nuages à l'horizon comme le montre le niveau d'inquiétude face au risque de licenciement : il concernait un cadre sur quatre en décembre, contre un sur cinq en septembre. Un sondage Kantar pour la CFDT publié la semaine dernière montrait que cette crainte touche un jeune cadre sur… deux, eux qui font face - malgré les aides à l'embauche de l'Etat - à une dégradation plus forte du nombre d'offres d'emploi que celle de l'ensemble des cadres (-29 % en décembre sur un an contre - 13 %).

Dans ce contexte, et même si l'Apec se montre prudente, les cadres du privé se préparent plus qu'en septembre dernier à devoir rebondir. En trois mois, le pourcentage de ceux qui sont passés à l'acte a aussi augmenté. La tendance est évidemment plus marquée pour ceux dont l'emploi est menacé, mais elle n'est pas anodine non plus pour les autres.

À noter

Malgré la crise, 66 % des entreprises qui ont l'intention d'embaucher un cadre sur le premier trimestre pensent rencontrer des difficultés pour recruter. Soit huit points de plus qu'en septembre du fait, principalement, d'un nombre de profils disponibles insuffisant.

Alain Ruello

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

qfkr8v3-O.jpg

La baisse de la natalité est-elle vraiment un problème ?

Publicité