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Zone euro : les jeunes, grands oubliés du marché du travail

Alors que le taux de chômage a grimpé de moins d'un point à l'échelle de la zone euro - tous âges confondus -, il a bondi de 3 points chez les jeunes. Il frappe désormais 18,5 % des 15-24 ans.

A Barcelone, de nombreux jeunes font la queue devant un Pôle emploi local.
A Barcelone, de nombreux jeunes font la queue devant un Pôle emploi local. (Angel Garcia/Bloomberg)

Par Virginie Robert

Publié le 2 févr. 2021 à 17:02Mis à jour le 2 févr. 2021 à 18:00

Ils sont plus de 3 millions de jeunes Européens, dont 2,5 millions dans la zone euro, à rechercher un emploi. Stages quasi-introuvables, contrats d'apprentissage difficiles à concrétiser et premier emploi quasi-impossible à décrocher : les jeunes sont parmi les grandes victimes de cette pandémie. « Avec la crise du Covid, les gouvernements ont voulu d'abord éviter un ajustement du marché du travail dans les secteurs les plus touchés, avec des mesures de chômage partiel qui ont très bien fonctionné mais qui ne répondent en rien au problème des jeunes, qui est celui de l'entrée sur le marché du travail », explique Philippe Gudin, économiste chez Barclays.

En décembre 2020, le taux de chômage des jeunes s'est établi à 18,5 % dans la zone euro, soit trois points de plus que l'année précédente . En volume, le chômage des jeunes a augmenté de 438.000 dans l'UE et de 353.000 dans la zone euro sur un an. « Lors de récessions majeures, on pense d'abord aux licenciements mais les entreprises commencent toujours par un gel des embauches et, mécaniquement, les jeunes en font les frais », observe Emmanuel Jessua, directeur des études chez Rexecode.

Une dizaine de pays européens à plus de 20 %

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Selon les dernières données d'Eurostat , le taux de chômage des jeunes dépasse 20 % dans une dizaine de pays (sur 19). Le problème y est souvent structurel. L'Espagne est largement en tête (40,7 %), suivie de la Grèce (35 %), de l'Italie (29,7 %) et de la Lituanie (26,9 %). La France s'illustre aussi avec un taux de 23, 4 %, un peu inférieur à celui de la Suède (23,8 %), soit environ 5 points de plus que la moyenne de la zone euro. En juin et en novembre derniers, le gouvernement français a d'ailleurs annoncé deux séries de mesures spécifiquement dédiées aux jeunes en mettant 6,5 milliards d'euros sur la table dont il faut maintenant attendre les effets.

Ces douze derniers mois, la hausse du chômage des jeunes a été particulièrement spectaculaire en Espagne (+9,7 points), en Irlande (+ 8,2 points), à Chypre (+6,1 points) et en Slovénie (+6,3 points). « Il y a un effet qualifications qui joue et qui fait que l'emploi a tendance à diminuer chez ceux dont le niveau d'éducation est le plus faible. C'est d'autant plus visible aujourd'hui que les emplois dans les services impactés par les mesures de distanciation comme l'hôtellerie, les restaurants ont justement recours à du travail faiblement qualifié », note Emmanuel Jessua.

Formation

Une injustice pour cette population faiblement menacée par le virus, mais qui paie au prix fort la suppression des petits jobs, la fermeture de certaines universités et les rigueurs de l'isolement social. La situation est d'autant plus préoccupante que certains secteurs des services sont quasi-sinistrés et rendent l'accès à l'emploi encore plus hypothétique. Tout cela participe à l'ébullition sociale constatée récemment, à travers des manifestations violentes aux Pays-Bas et en Allemagne notamment. A moyen terme, l'inactivité de la jeunesse européenne risque de creuser un peu plus les inégalités sociales. Une des ambitions du plan de soutien européen est de pouvoir financer les mesures de formation qui amélioreront l'adéquation des jeunes au marché du travail. L'Allemagne et les Pays-Bas restent à ce titre des exemples à suivre.

Virginie Robert

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