Des enseignants aux conseillers principaux d’éducation (CPE), des infirmières scolaires aux assistants sociaux, le constat est partagé : depuis quelques années, dans les lycées mais aussi, désormais, dans des collèges, la transidentité est devenue un « sujet ». Des élèves qui ne se sentent pas « bien dans leur genre », pas « raccord avec leur sexe » ou « ni vraiment fille ni vraiment garçon », et qui interpellent l’institution scolaire en ce sens, ne sont plus une « exception », entend-on résonner d’un établissement à l’autre.
Ces questionnements d’élèves, l’éducation nationale en a pris acte : « On perçoit, empiriquement, que la tendance est à la hausse, sans pouvoir la réduire à un chiffre », reconnaît-on Rue de Grenelle.
Une professeure confie, au détour d’une conversation, que deux de ses élèves de terminale sont venues la voir, à quelques semaines d’intervalle, pour lui demander de les nommer avec un prénom différent du leur – et de leur genre. Une « première en trente ans de carrière », souffle-t-elle, et qui n’a posé de problème « ni à la classe ni au reste du lycée ».
Ce sont des jeunes gens qui, par milliers, s’affichent sur les réseaux sociaux sous les hashtags #nonbinaire. C’est l’écho rencontré – y compris auprès des plus jeunes – par le film documentaire Petite fille, réalisé par Sébastien Lifshitz et diffusé fin 2020 sur Arte. Mais c’est aussi la vive émotion soulevée, en décembre 2020 à Lille, par le suicide d’une adolescente transgenre, Fouad, 17 ans, quelques jours après un différend avec des personnels de son lycée, et dont les camarades ont interpellé l’institution : « On n’accuse pas, on veut juste que les choses changent ! »
Définir des réponses-types
La multiplication de ces signaux a conduit l’éducation nationale, réputée plutôt frileuse à s’emparer de la problématique, surtout depuis que la polémique sur la prétendue « théorie du genre » a déferlé sur l’école, en 2013-2014, à réunir le 20 janvier, au ministère de l’éducation, un groupe de travail spécifiquement dédié à la transidentité.
En son sein, une poignée d’associations, et des représentants de cette « maison » dont Edouard Geffray, le directeur général de l’enseignement scolaire. L’objectif : définir les réponses-types à apporter chaque fois qu’une question relevant de la transidentité est posée par un élève dans son établissement.
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