Brexit : fin du programme Erasmus+ pour les étudiants français en Grande-Bretagne

Chaque année, entre 10 000 et 13 000 étudiants français se rendent au Royaume-Uni dans le cadre du programme Erasmus. ©Getty - Andresr
Chaque année, entre 10 000 et 13 000 étudiants français se rendent au Royaume-Uni dans le cadre du programme Erasmus. ©Getty - Andresr
Chaque année, entre 10 000 et 13 000 étudiants français se rendent au Royaume-Uni dans le cadre du programme Erasmus. ©Getty - Andresr
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Avec le Brexit, le Royaume-Uni sort également du programme Erasmus+, qui permet aux étudiants de réaliser une partie de leur scolarité dans une université européenne partenaire. À partir de septembre, les étudiants français et européens devront payer eux-mêmes leur scolarité en Angleterre.

C’est l’une des conséquences du Brexit dans le domaine de l’éducation : la Grande-Bretagne va sortir du programme Erasmus+ qui permet aux étudiants de réaliser une partie de leur scolarité dans une université européenne partenaire. Chaque année, environ 100 000 étudiants français participent à des échanges universitaires à travers l’Europe. À partir de la rentrée de septembre, les étudiants français, tout comme les étudiants d'autres pays de l'Union européenne, devront donc payer eux-mêmes leur scolarité en Angleterre s’ils souhaitent faire un échange universitaire. Cela représente un coût, d'autant plus que la Grande-Bretagne était l’une des destinations les plus prisées par les étudiants français : ils étaient entre 10 000 et 13 000 à s’y rendre chaque année dans le cadre de ce programme. Aujourd’hui, les universités et les étudiants doivent donc s’adapter et se reporter vers d’autres destinations en Europe. Reportage de Hakim Kasmi.

Un prêt pour étudier

Théo Lassale à 22 ans et originaire de Bordeaux. Il a fait le choix de faire son année d’Erasmus+ à l’université de York à 2 heures de Londres, où il étudie les mathématiques. Son choix a été motivé en grande partie par la nouvelle expérience qu'il voulait vivre mais il voulait aussi parfaire son anglais, une langue Indispensable dans les sciences.

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Je considère que c’est une erreur de rester dans son cocon universitaire et de ne jamais s’aventurer face à d’autres difficultés, à d’autres barrières. Se mesurer à un système académique totalement différent, je pense que c’est un réel plus car, dans le type d’étude que je fais, la dimension de l’anglais est importante.                
Théo Lassale, étudiant de 22 ans, originaire de Bordeaux

Très bien intégré aujourd’hui, il a même fait le choix de poursuivre ses études en Grande-Bretagne, quitte à devoir contracter un emprunt. Car, désormais, maintenant qu’il est sorti du programme Erasmus+, ses études lui coûtent 9 000 euros par an.

Avec le Brexit et la sortie de la Grande-Bretagne du programme Erasmus+, les étudiants ont revu leur choix de destination pour étudier à l'étranger : l'Espagne est par exemple de plus en plus plébiscitée.
Avec le Brexit et la sortie de la Grande-Bretagne du programme Erasmus+, les étudiants ont revu leur choix de destination pour étudier à l'étranger : l'Espagne est par exemple de plus en plus plébiscitée.
- Shutterstock

Avec la sortie de l’Angleterre du programme Erasmus+, le choix des destinations est redéployé, comme en Irlande par exemple mais aussi dans les pays d’Europe du nord qui sont très anglophones. "Ce que nous avons pu constater en tant qu’agence nationale, c’est une redistribution des mobilités sur l’Europe en dehors du Royaume-Uni. Par exemple, nous avons vu arriver comme premier pays de destination l’Espagne ou l’Irlande qui ne sont pas habituellement les premiers partenaires dans nos échanges. Nous avons vu également se développer des établissements avec leurs homologues d’Europe du nord ou de l’Est. Il faut dire que ces pays-là sont quasiment bilingues. Donc, cela peut beaucoup favoriser ou attirer les étudiants", explique Laure Coudret-Laut, la directrice de l’agence française d’Erasmus+.

Des universités incitées à innover 

De leur côté, les universités en profitent également pour se réinventer : elles nouent des alliances avec d’autres facultés européennes. Le président Emmanuel Macron les incite d'ailleurs à le faire, à l’instar du programme In Light auquel participe l’université de Bordeaux avec neuf autres partenaire européens. Cela devrait aussi permettre plus de flexibilité au niveau pédagogique, ainsi que plus de mobilité pour les étudiants, comme le souligne Johanne Pageze, la vice-présidente de l’université de Bordeaux qui est en charge de l’internationalisation.

Un étudiant qui commence à Bordeaux. Pourra intégrer des mobilités courtes. Ou bien travailler à distance avec des étudiants de ses universités. Et puis en suite. Imaginons qu’un étudiant en économie à envie de voir par exemple comment on peut recycler des matériaux ou comment on peut mieux gérer l’énergie. Et qu’il y a des cours à Ghent en Belgique, à Göttingen, en Allemagne, où en Espagne qui correspondent à ses besoins. Cela pourra donner la possibilités à nos étudiants d’intégrer dans leurs cursus des expériences européenne pour leur diplômes. 

Un programme qui s’adresse également à 10 000 lycéens

Mais ce retrait de la Grande Bretagne du programme Erasmus+ ne va pas seulement pénaliser les étudiants du supérieur. En effet, il va également toucher certain lycéens. Car, c'est moins connu mais ce programme d’échange profite également aux bacheliers professionnels et aux CAP. Yasmine Djebbar, apprentie serveuse au Campus du Lac à Bordeaux, est par exemple partie à Londres en 2018 dans le cadre de son CAP, puis en Allemagne l’an dernier. La jeune femme issue d’un milieux modeste regrette la décision des autorités britanniques. Elle craint que cela pénalise les étudiants boursiers qui n’auront plus les moyens financiers d’étudier en Angleterre.

Je trouve que c’est vraiment dommage de ne plus pouvoir donner la chance que j’ai eue à d’autres étudiants. J’ai eu la chance de pouvoir travailler en Angleterre dès mes 17 ans. Je pensais que cela ne serait pas possible, parce que je ne viens pas d’un milieux social très riche. Sans la mobilité avec le Campus Du Lac, je n’aurais pas pu partir.                
Yasmine Djebbar, apprentie serveuse partie en échange à Londres dans le cadre de son CAP

Rafaël Arbina, le directeur du Centre de Formation des Apprentis du Campus du Lac à Bordeaux, partage également ce constat. Il reconnaît que ce retrait va pénaliser ses élèves issus de familles modeste. "Il est vrai que nous avons des populations qui n’ont la possibilité de beaucoup voyager. Erasmus+ était pour eux une manière de découvrir le monde sur une destination qui avait pour avantage d’être proche, sécurisée car à l’époque dans l’Unions européenne, et à la fois très différente de leur environnement et de leur univers", souligne-t-il.

Alors en attendant, Même si la Grande-Bretagne qui était l’un des pays les plus prisés par les étudiants qui faisaient Erasmus+. A fait le choix de sortir de ce programme qu’il estime trop onéreux pour ses finances. On peut se féliciter que les pays parfaire du programme Erasmus+ ont voté un budget en hausse de 80%. Ce qui est considérable au vue de la crise sanitaire. Ce qui représentera pour les 7 prochaines années. Une enveloppe Globale de 24,5 milliards d’euros. Ainsi, on peut espérer qu’un plus grand nombre d’étudiants européens puissent profiter de ses échanges universitaire. Notamment les plus modestes pour parfaire son Anglais 

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