Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Pour les jeunes, des discriminations à l’emploi décuplées en temps de crise

Dans un marché du travail en tension, les biais de traitement différencié des candidats selon leur âge, leurs origines ou leurs caractéristiques physiques tendent à se renforcer.

Par 

Publié le 09 février 2021 à 09h00, modifié le 10 février 2021 à 09h42

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

La jeunesse est la population qui paie le plus lourd tribut à la crise économique engendrée par l’épidémie. En un an, le nombre de chômeurs de moins de 24 ans a bondi de 16 % au troisième trimestre 2020, selon les chiffres de l’Insee. Leur taux d’emploi a, lui, quatre fois plus reculé pour le reste de la population. Et pour les jeunes qui trouvaient déjà portes closes avant le Covid-19 en raison de leurs origines, de leur couleur de peau ou encore de leur handicap, les phénomènes de rupture s’accentuent encore davantage.

« A chaque fois que l’économie se dégrade, les discriminations à l’emploi sont décuplées », souligne le sociologue Jean-François Amadieu, directeur de l’Observatoire des discriminations. « Lorsque les employeurs ont plus de latitude de choix, avec un déséquilibre de l’offre et de la demande, et font face à des impératifs d’urgence induits par la crise, l’influence des biais liés notamment au physique, au poids ou à l’origine explose de manière mécanique à l’embauche », complète le chercheur.

En dehors des périodes de crise, ces biais discriminants agissent déjà grandement sur le choix des recruteurs. Ainsi, les candidats ayant un prénom à consonance maghrébine ont 25 % de chances en moins de recevoir une proposition positive à l’envoi d’un CV, a montré une vaste enquête du CNRS, rendue publique en 2020. Les femmes obèses ont, elle, 7 points de moins de probabilité de trouver un emploi, indique une note de l’Insee de 2016.

« Subjectivité du recruteur »

« Les jeunes font partie d’une catégorie déjà défavorisée sur le marché de l’emploi », soulève Yamina Meziani, chercheuse en sociologie au laboratoire LACES de l’université de Bordeaux et coautrice de l’ouvrage à paraître La Jeunesse fantôme, jeune âge et discrimination dans le recrutement (éditions le Bord de l’eau). « On les traite différentiellement sur un marché du travail français où l’accumulation d’expérience est de plus en plus valorisée pour juger des compétences du candidat, et notamment de ses soft skills, montre-t-elle. Comme les jeunes ne peuvent que peu mobiliser cette notion d’expérience, ce sont d’autres éléments, davantage basés sur la subjectivité du recruteur, qui vont venir nourrir la sélection. »

« Il y a une recherche d’idéaux types : le jeune qui aura fait la même école que le recruteur, qui aura été recommandé… Avec l’idée qu’il s’agit de minimiser le risque, ou ce qui est perçu comme tel » Yamina Meziani, chercheuse

Il vous reste 58.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.