Publicité

L'intérim, en recul de 24 % en 2020, se mobilise pour accélérer la relance

Près de 185.000 emplois intérimaires en équivalent temps plein ont disparu l'an dernier, le secteur revenant à son niveau de 2015. Mais les acteurs de l'intérim entendent faciliter les reconversions et créer des passerelles entre métiers sinistrés et porteurs.

Adecco mise sur le CDI apprenant, qui s'appuie sur le socle juridique du CDI intérimaire.
Adecco mise sur le CDI apprenant, qui s'appuie sur le socle juridique du CDI intérimaire. (NeydtStock/Shutterstock)

Par Martine Robert

Publié le 11 févr. 2021 à 11:20Mis à jour le 11 févr. 2021 à 17:17

Avec 594.000 intérimaires employés en 2020, au lieu de 800.000 environ les années précédentes, « on a effacé la croissance observée du travail temporaire entre 2016 et 2018, le rétrogradant au niveau de 2015 », observe la déléguée générale de Prism'Emploi, Isabelle Eynaud-Chevalier. Selon le dernier baromètre de cet organisme, le travail temporaire a reculé de 23,6 % l'an passé.

Le confinement de mars 2020 a provoqué un effondrement de 65 %, par rapport à la même période de 2019, suivi d'un recul aux alentours de 50 % en avril et mai, avant une lente remontée . Le reconfinement de novembre a déclenché un second décrochage, plus modeste, de 14,5 %.

Le secteur du transport et de la logistique, dopé par l'essor de l'e-commerce, a un peu sauvé la donne, surtout en fin d'année, avec, au final, un repli limité à 3,8 % en 2020. Partout ailleurs, ou presque l'intérim s'est effondré, de 28,8 % dans le BTP, de 28,6 % dans les services, de 26,9 % dans l'industrie et de 19,5 % dans le commerce. En outre, « le développement du télétravail dans certaines activités, s'est avéré moins propice au recours à l'intérim, la prise de poste à distance étant plus compliquée », constate-t-on chez Prism'Emploi.

Tous niveaux de qualification

Publicité

Tous les niveaux de qualification - ouvriers, employés, cadres et professions intermédiaires - ont été touchés, sensiblement dans les mêmes proportions. De même, toutes les régions ont connu un recul marqué, allant de - 19,2 % en Bretagne à - 28,9 % dans le Grand-Est.

Pour 2021, les perspectives restent floues, même si les employeurs semblent moins frileux. « Les entreprises ont appris à vivre avec le virus et ont une visibilité sur trois à six mois », note Alexandre Viros, président d'Adecco France The Adecco Group. Selon l'outil Adecco Analytics, qui scrute toutes les offres d'emploi sur Internet, celles-ci ont grimpé de 12 % la première semaine de février par rapport à la même période en 2020.

A la tête de la société d'intérim familiale Proman, qui a plutôt mieux résisté que la moyenne avec une baisse de 12 % l'an dernier, Roland Gomez a enregistré, lui, une progression de 7 % en janvier, une tendance qu'il dit se confirmer sur les deux-trois premiers mois de l'année, le conduisant à un « optimisme lucide ». « Les entreprises ont besoin de partenaires RH qui vont les aider à s'adapter », pronostique-t-il.

Créer des passerelles

En cette période propice à la perte de compétences et au décrochage de l'emploi, l'intérim veut s'affirmer comme un levier de formation et de transformation des qualifications, pour créer des passerelles entre les secteurs les plus touchés par la crise et ceux qui recrutent.

« Nous formons, par exemple, des serveurs qui, lassés d'attendre la réouverture des bars, veulent changer de métier, ou nous accompagnons des intérimaires prêts à quitter leur région lorsque leur bassin d'emploi est très touché », raconte Roland Gomez, qui signe à la fois des contrats de CDI Intérimaires, mais aussi des « CDI aux fins d'employabilité » , pour les profils plus précaires.

« Les acteurs de l'intérim doivent repenser leur rôle et la formation en est la clé de voûte. Chez nous, cela représente un budget de 140 millions d'euros, ajoute Alexandre Viros. Ainsi nous pouvons aider un employé de la restauration-hôtellerie qui dispose d'un savoir-être compatible avec celui d'un conseiller banque-assurance, à se reconvertir. »

Chez Adecco France , le « CDI apprenant » , qui s'appuie sur le socle juridique du CDI intérimaire, est promu pour cibler 17 métiers en tension : 3.000 contrats de ce type ont été signés en 2020, dont 29 % par des jeunes de moins de 26 ans. L'objectif est d'en conclure 12.000 cette année. « Entre mars et fin septembre 2020, 400.000 offres d'emploi, soit 200.000 équivalent temps plein, étaient recensées sur ces 17 métiers », précise le dirigeant. Conducteur de poids-lourds ou de transport en commun, électricien, sont les métiers les plus représentés, comme les métiers des soins et de l'aide à la personne.

Les sociétés de travail temporaire ont déjà signé 102.700 CDI intérimaires en 2020, selon Prism'Emploi, soit 20.000 de plus en un an. Elles se disent prêtes à se rapprocher plus étroitement de Pôle Emploi pour n'oublier personne sur le bord du chemin.

Martine Robert

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité