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Le logiciel libre, un atout pour la relance

Très dynamique en France, le monde du logiciel « open source » pèse près de 6 milliards d'euros et 60.000 emplois principalement dans des PME. Il est désormais au coeur des enjeux de souveraineté, d'indépendance et de transformation numérique des entreprises poussés par la crise sanitaire.

Beaucoup de PME sont positionnées sur ce secteur du logiciel libre, notamment sur des niches très techniques.
Beaucoup de PME sont positionnées sur ce secteur du logiciel libre, notamment sur des niches très techniques. (REDPIXEL.PL/Shutterstock)

Par Frank Niedercorn

Publié le 11 févr. 2021 à 08:03

Avec l'accélération de la transformation numérique, liée à la pandémie, le logiciel libre a le vent en poupe. L'Europe a annoncé en novembre dernier sa stratégie en la matière. Le député Eric Bothorel vient de remettre au gouvernement un rapport dans lequel il préconise la création d'un « Open Source Program Office ». Quant à la région Nouvelle Aquitaine , elle entend en faire un atout de la relance.

Et la France a une sérieuse carte à jouer puisque cette filière pesait l'an dernier 5,7 milliards d'euros avec plus de 400 entreprises employant 57.000 personnes selon les chiffres du cabinet Teknowlogy Group. Un secteur qui devrait flirter avec les 8 % de croissance cette année s'il n'y avait pas de crise sanitaire.

Un logiciel est dit « libre », « ou open source », quand l'auteur laisse à autrui la possibilité de l'utiliser, mais aussi de le modifier et de le dupliquer. Concrètement, les éditeurs ne se rémunèrent pas en vendant le logiciel lui-même mais du service. D'abord populaire parmi les « geeks », le logiciel libre s'est développé jusqu'à devenir omniprésent. Notamment avec le système d'exploitation Linux, archidominant dans les serveurs d'entreprises, mais aussi dans les infrastructures télécoms et le cloud.

Les entreprises, notamment des grands groupes, y ont d'abord vu l'occasion de réduire leurs coûts. « Aujourd'hui, leur première motivation c'est l'indépendance technologique vis-à-vis des éditeurs et la possibilité d'adapter les logiciels à leurs besoins tout en attirant de jeunes talents », résume Cyrille Chausson analyste chez PAC/Teknowlogy Group.

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Transformation numérique

Les deux autres marchés de la bureautique et des logiciels « métiers » constituent une opportunité pour les PME du secteur, dont beaucoup sont installées sur des créneaux très techniques. A l'image de Enalean, une société de trente personnes basée en Savoie et en Isère, qui fournit son outil de développement informatique Tuleap aux plus grandes entreprises. « Nous sommes rétribués par un abonnement ce qui est classique. En revanche, à la différence d'un éditeur classique, notre client a la possibilité de sortir quand il veut et de récupérer ses données et le logiciel pour les réinstaller où il veut », insiste Laurent Charles, cofondateur d'Enalean.

La ​région Nouvelle-Aquitaine compte s'appuyer sur le cluster Naos, qui regroupe 110 entreprises du secteur, pour diffuser le logiciel libre auprès des PME. « Le logiciel libre peut permettre de soutenir la relance, car c'est l'outil par excellence de la transformation numérique des entreprises », assure François Pellegrini professeur à l'université de Bordeaux, coprésident de Naos. Mais l'open source ne s'est pas diffusé dans le monde des logiciels applicatifs aussi largement que dans les infrastructures informatiques ou de télécoms. C'est l'un des objectifs du cluster Naos, qui a distingué en décembre la société Lectra, leader mondial des machines à découper le cuir, qui s'appuie sur le logiciel libre pour se transformer. Autre axe : pousser les entreprises sur de nouveaux marchés.

La Banquiz, l'incubateur du libre

Ainsi, Mapotempo a créé un logiciel d'optimisation de tournées destiné aux centres communaux d'action sociale. L'open source favorise aussi les projets collaboratifs. La société Grégoire, numéro un des machines à vendanger, a développé un simulateur de conduite, E-cab, destiné à la formation des tractoristes, en coopération avec Studio Nyx, un spécialiste du jeu vidéo, l'école Agri Cap Conduite et une jeune société de services informatiques Shinypix. « Avec le logiciel libre, le problème de la gestion de la propriété industrielle ne se pose plus et la coopération entre les entreprises s'en trouve facilitée », insiste Jean-Christophe Elineau, directeur de Naos.

L'open source est pourtant encore vu, à tort, comme un monde à part. « Le monde financier a du mal à comprendre ce modèle du libre dans lequel une partie de la diffusion est gratuite et qui se rémunère sur de l'abonnement et le service. C'est pourtant efficace, notamment à l'export sur lequel nous réalisons 30 % de notre activité sans un sou de marketing », indique Laurent Charles. Pour le pousser, la région Nouvelle-Aquitaine a créé la Banquiz, le premier incubateur consacré aux start-up du logiciel libre, accueillant Mellisphera qui a créé une ruche connectée, le robot de désherbage Natuition ou Ullo qui propose un logiciel de thérapie cognitive pour les personnes âgées.

Frank Niedercorn (Correspondant à Bordeaux)

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