Il va falloir du temps pour que Sciences Po retrouve un cap. De manière inédite depuis 1945, l’Institut d’études politiques de Paris est privé de ses deux têtes après la démission, à un mois d’intervalle, d’Olivier Duhamel, président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), accusé d’inceste, et de Frédéric Mion, directeur de l’école, acculé après la lecture du rapport d’inspection générale commandé par la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Celui-ci souligne notamment la volonté de M. Mion « de ne pas divulguer l’intégralité des informations dont il dispose et des décisions qu’il a prises » depuis qu’il a eu connaissance des accusations d’inceste à l’encontre du politologue.
Le 13 janvier, un autre pilier de l’établissement, l’ex-secrétaire général du gouvernement et actuel préfet d’Ile-de-France, Marc Guillaume, s’était retiré du conseil d’administration de la FNSP où il siégeait au sein du collège des « fondateurs » avec Olivier Duhamel.
C’est désormais à l’ex-directrice de la formation initiale, Bénédicte Durand, nommée mercredi 10 janvier, par la ministre en tant qu’administratice provisoire, et à l’ex-PDG de Renault Louis Schweitzer, qui assure l’intérim de la présidence de la FNSP, que revient la délicate mission de mener à bien la succession au sein de l’école de la rue Saint-Guillaume.
Les deux responsables ont réuni de manière informelle, jeudi 11 février, les membres du conseil de l’institut et du conseil de la formation et de la vie étudiante. « Louis Schweitzer a expliqué quel serait le processus de choix du président de la fondation et indiqué que la recherche d’un directeur de l’école ne se commencerait qu’une fois achevée sa présidence par intérim, c’est-à-dire pas avant le 10 mai », relate Anaïs Picart, élue étudiante au conseil d’administration de la FNSP. A compter de cette date, la désignation du directeur, qui suit les étapes définies par un décret de 2016, devrait prendre plusieurs mois.
« Comité pour la renaissance de Sciences Po »
Comme il s’y était engagé, Louis Schweitzer a constitué au sein du conseil d’administration un « comité de sélection » composé de cinq membres fondateurs et de cinq membres universitaires, pour désigner les futures recrues du collège des fondateurs. « Cette fois, le cercle devrait s’ouvrir à trois ou quatre universitaires », rapporte Raphaël Zaouati, vice-président étudiant au conseil de l’institut.
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