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Comment la France veut mettre sur orbite les start-up de la deeptech

Le financement des start-up qui ont recours à des technologies de rupture, souvent issues des laboratoires de recherche, a progressé en France ces dernières années. Mais il reste des ponts à créer entre les fondateurs de ces jeunes pousses et les investisseurs, mais aussi avec les grands groupes.

L'une des spécificités de la deeptech est son intensité capitalistique.
L'une des spécificités de la deeptech est son intensité capitalistique. (Shutterstock)

Par Adrien Lelièvre

Publié le 17 févr. 2021 à 11:34Mis à jour le 17 févr. 2021 à 15:46

La France serait-elle plus avancée dans sa campagne de vaccination si elle avait investi davantage dans les start-up deeptech, ces jeunes pousses innovantes issues pour la plupart des laboratoires de recherche ?

La question mérite d'être posée alors que Moderna (Etats-Unis) et BioNTech (Allemagne), qui ont mis au point des vaccins utilisant la technologie révolutionnaire de l'ARN messager , ont levé 2,7 et 1,5 milliards de dollars depuis leur fondation et en récoltent désormais les fruits en livrant des produits au monde entier…

L'Etat français n'ignore pas l'importance de la deeptech. En 2018, il a lancé un plan d'investissement via bpifrance censé doper les pépites du secteur. Et, dans une étude publiée ce mercredi, la Direction générale des entreprises (DGE) et la Direction générale du Trésor ont interrogé 30 sociétés de gestion avec un bureau en France qui accompagnent 770 start-up deeptech. L'objectif ? Mieux comprendre les dynamiques en cours, notamment en matière de financement.

Prise de conscience

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Il ressort de ce rapport que les fonds levés sur le segment de la deeptech ont connu une forte accélération en France. En phase d'amorçage et de « early stage », ils ont atteint 924 millions d'euros en 2018 et sont passés à 1,5 milliard d'euros en 2019.

Le ticket moyen est également passé de 7 à 13 millions pendant cette période. Ce chiffre est nettement plus élevé que dans les secteurs non deeptech (7 millions d'euros) et s'explique par le recours à des technologies coûteuses, indispensables pour produire des services ou des produits innovants. ​Au total, la santé (qui regroupe les sous-secteurs des medtechs et les biotechs ) représente 27 % de l'enveloppe sous gestion. Le numérique (IA, software, hardware, cybersécurité) pointe au deuxième rang, avec 21 % des financements.

Signe de la dynamique en cours : 70 % des sociétés de gestion prévoient de lever un nouveau fonds d'ici à 2023 et d'étendre le spectre de leur intervention, dans la plupart des cas à un stade de financement plus tardif. Ces levées pourraient atteindre 5,9 milliards d'euros d'ici à 2023, avec une moyenne de 292 millions d'euros par levée, observe le rapport.

« Nous sommes sur le bon chemin, se félicite Cédric O, secrétaire d'Etat au Numérique. Mais au-delà des plans sectoriels, la solution de long terme au financement de la deeptech en France tient à la croissance de l'écosystème dans son ensemble. »

Marges de progression

Malgré les progrès, le rapport constate que les créateurs de ces jeunes pousses ont une culture trop technophile et pas assez entrepreneuriale. « Jusqu'ici, il y avait un problème de cloisonnement, insiste Cédric O. Mais, de plus en plus, des universités ou des instituts de recherche poussent pour mettre des produits sur le marché. Quand on voit que l'Inria a pour objectif de créer 100 start-up par an [à partir de 2023], c'est un signal très fort envoyé à l'écosystème. » Plus globalement, le secrétaire d'Etat au Numérique déplore que, dans certains sous-secteurs clés, comme la santé, la France conserve une trop grande aversion au risque.

Le rapport estime également qu'il est nécessaire de créer davantage de synergies entre les start-up deeptech et les grands groupes - une stratégie qui a fait le succès de BioNTech avec Pfizer  et qu'il y a encore un problème au bout de la chaîne de financement, faute d'existence d'un véritable marché des capitaux à l'échelle européenne.

A l'avenir, l'enjeu sera aussi de conserver les chercheurs français et de convaincre des étrangers de venir s'installer dans l'Hexagone, mais aussi de simplifier le système d'aide à l'innovation, observent les auteurs de l'étude. La course aux vaccins l'a démontré : en cas de crise sanitaire, il faut savoir lever vite les barrières pour répondre à l'urgence.

Adrien Lelièvre

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