« Je ne serai pas prof de maths ! » Nacef, étudiant en master de mathématiques et applications à Sorbonne Université, est davantage attiré par la finance et la data science. « Dans mon domaine et en maîtrisant l’anglais, je peux travailler de n’importe où dans le monde en étant bien payé », assure-t-il. Alors, enseignant…
Fin 2020, l’enquête Timss (Trends in Mathematics and Science Study) révélait que la France avait obtenu les plus mauvais résultats d’Europe en maths. Afin de renverser la vapeur, il va en falloir, des enseignants motivés pour relever le défi ! Même si tout ne repose pas sur leurs épaules, il s’agit de permettre à la nouvelle génération d’étudiants d’être agiles avec les chiffres, le raisonnement et la science, dans un monde où l’on a plus que jamais besoin des maths.
On n’en prend pas le chemin : le nombre d’inscrits au capes (externe) de maths a chuté de 17 % en quatre ans, d’après les statistiques de l’éducation nationale. « On est ainsi passé de plus de 8 000 candidats en 1997 à moins de 3 000 à partir de 2010 », affirme Charles Torossian, inspecteur général et coauteur du plan Mathématiques avec Cédric Villani en 2018.
« Mauvaise image »
Comment l’expliquer ? L’enseignement des mathématiques jouerait comme un repoussoir : « Mon métier suscite des réactions épidermiques, rapporte Fabien Bessière, agrégé et doctorant, président de l’association Maths et nous, à l’université de Lorraine. Quand j’en parle, les discussions dérivent immanquablement sur les mauvais souvenirs [en tant qu’élève] dans cette matière. » Il a renoncé à aborder le sujet et vise d’ailleurs un poste en prépa ou en fac.
« Le métier d’enseignant souffre d’une mauvaise image, s’inquiète Edwige Godlewski, présidente de la Commission française pour l’enseignement des mathématiques (CFEM). Toutes les disciplines sont impactées, mais les débouchés étant variés pour les matheux, la fuite des talents est plus sévère. »
Charles Torossian avance une dernière explication : « Les formations sont devenues trop généralistes, entre la filière S à spectre large issue de la réforme du bac de 1995 et des licences plurisciences n’orientant pas vers l’enseignement des maths, qui suppose une adhésion forte à cette matière. »
Profils plus éclectiques
Le débat sur la baisse de niveau revient alors sur la table. « Avec 54 % de réussite en 2020, le concours n’est plus assez sélectif, regrette Xavier Sorbe, président du jury du capes de mathématiques. Le niveau global a baissé et nous devons renoncer aux candidats trop justes, quitte à ne pas pourvoir tous les postes. »
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