Décryptage

Sciences po : des formations sélectives mais accessibles

10.000 candidats passent le concours commun de Sciences po
10.000 candidats passent le concours commun de Sciences po © Romain GAILLARD/REA
Par Pierre Tourtois, publié le 24 février 2021
5 min

Qu’il s’agisse de Sciences po Paris ou des Sciences po de région, mener des études de sciences politiques est un rêve pour de nombreux lycéens. Comment préparer ces concours ? Sont-ils destinés aux élèves d’élite ou plus "ouverts" qu’on ne le pense ? Eléments de réponse.

Des écoles prestigieuses, des formations de qualité et des débouchés. Forts de ces atouts, Sciences po Paris, comme les IEP (instituts d'études politiques) de région, attirent de nombreux candidats à l’entrée, prêts à se confronter à l’épreuve du réel : un concours exigeant. Ou plutôt quatre pour, en tout, dix instituts d’études politiques. En effet, outre Paris - avec ses antennes en province -, il faut compter les sept établissements du réseau Sciences po (Strasbourg, Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Rennes, Toulouse, Saint-Germain-en-Laye) ainsi que Bordeaux et Grenoble, qui ont leur propre concours.

Selon les données Parcoursup, Lille était, en 2020, l’institut le plus sélectif, puisqu’il a retenu 8% des candidats (186 places pour 9.891 candidats), contre 16% pour celui de la capitale, "seulement" 5e de ce classement. À l’inverse, Grenoble, 2e école la plus attractive a accepté 26% des candidats… Derrière ces chiffres, comment appréhender ces quatre concours ?

Concours commun : le plus populaire, pas le plus accessible

Premier élément de réponse : le concours commun est, assez logiquement, le plus attractif avec 10.000 candidats - soit 50% de plus que Sciences po Paris -, ce qui fait baisser le taux de dossiers acceptés par ces IEP.

"Avec beaucoup de culture générale historique et littéraire, le concours commun et celui de Bordeaux m’ont semblé plus ardus que ceux de Grenoble et de Paris. J’ai par ailleurs échoué à l’oral de Paris. À Grenoble, à l'inverse, les épreuves d’analyse et de langue basées sur un livre demandaient une réflexion, plus que de la connaissance pure ou du par cœur", explique Fanny, élève de 3e année en Isère.

Favoriser la diversité des profils

Pour varier les profils et favoriser une plus grande diversité sociale, certains concours ont évolué ces dernières années. Par exemple, à compter de 2021, Sciences po Paris recrute sur dossier (comprenant des épreuves écrites), puis par un oral sélectif.
Par ailleurs, il existe aujourd’hui de nombreuses prépas, certaines privées et payantes, d’autres proposées dans des lycées (comme les IEPEI), ou encore via le CNED, qui servent de tremplin pour intégrer l’un des IEP.

Mejda Mahssini a ainsi intégré Sciences Po Grenoble après être passée par le programme égalité des chances et démocratisation de l'institut d'études politiques de Lyon. "Je savais depuis longtemps que je voulais faire Sciences po. J’ai pu valoriser le fait d’être sportive de haut niveau et grâce au programme que j’ai suivi, j’ai pu anticiper la préparation des concours, dès la première", précise la jeune femme.

Se remettre en question, sans perdre confiance

Mais, malgré la préparation, la réussite au concours n’est pas acquise. Romain Alibert a intégré Sciences po Grenoble à sa deuxième tentative. "Quelques mois de révision n’ont pas suffi pour réussir le concours la première fois. Face à moi, certains candidats planchaient depuis leur seconde”, résume le jeune homme aujourd’hui en 3e année.

En cas d’échec, il reste possible d’accéder à Sciences po Lyon et Strasbourg après une première année dans le supérieur, en prépa ou en université, voire plus tard, en 3e année, ou en master, moyennant des épreuves spécifiques.

"Le plus gros piège, c’est de douter de soi. Certes, ces concours nécessitent un plan méticuleux de révision mais ils ne sont pas inaccessibles. Le plus compliqué ce sont les 'codes'. Étant ultramarine, je n’étais pas encore très 'ouverte sur le monde'... Et je pense que cela m’a coûté mon oral à Paris", continue Fanny.

Un avis partagé par Clémence Monville, qui a tenté le concours de médecine, avant de se tourner vers les IEP. "Il faut une grosse capacité de travail, de l’anticipation, de la confiance et une capacité à réfléchir et à s’exprimer clairement. Et il faut respecter certaines règles, spécifiques, comme la manière de structurer sa pensée, sa copie", explique la jeune femme.

"Le 'baratin' ne passe pas, c’est éliminatoire. Les dossiers, comme les épreuves, doivent être maîtrisés. En anticipant plus que je ne l’ai fait, ces concours sont accessibles, malgré leur difficulté", conclut Romain. Foi de futur diplômé.

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