Une via ferrata est un itinéraire aménagé sur une voie rocheuse, sur laquelle les randonneurs peuvent s’assurer et progresser en sécurité. C’est aussi, depuis 2016, une classe préparatoire aux très sélectives écoles d’art publiques (le taux d’admission est inférieur à 8 % dans les écoles franciliennes), mise en place par les Beaux-Arts de Paris. Luc Chopplet, coordinateur de la classe, file la métaphore : « Les rochers ou les cols sont des obstacles à franchir, tout comme ces concours pour nos étudiants. Tous les participants doivent s’entraider : la notion de groupe est très importante, les professeurs sont les guides qui permettent de progresser. La solidité d’une chaîne est induite par la résistance de son maillon le plus faible. » Et cela fonctionne : au terme de la prépa, ils étaient 92 % à être admis dans une école en 2018, 96 % en 2019 et 100 % en 2020.
Pour pouvoir être de la cordée, il faut être « talentueux, créatif, motivé » énonce-t-on aux Beaux-Arts de Paris. Surtout, « le jury d’admission est attentif aux profils sociaux des candidats », poursuit Luc Chopplet, et valorise les étudiants issus de milieux moins favorisés. Depuis 2016, parmi les 25 jeunes qui intègrent la Via Ferrata, 80 % sont boursiers. Les étudiants boursiers sont exonérés des droits d’inscriptions (450 euros). Enfin, du matériel artistique est fourni par l’école.
Doubler les effectifs
Le manque de diversité sociale au sein des écoles d’art est souvent pointé du doigt, effet secondaire de leur sélectivité : aujourd’hui, 65 % des candidats aux concours des écoles d’art sont issus de classes préparatoires, très souvent privées, dont le coût annuel peut atteindre 10 000 euros. Une somme qui fait barrage à certains jeunes : seulement 21 % des candidats aux écoles d’art sont boursiers.
Pour se faire connaître, la Via Ferrata organise chaque année une dizaine de rencontres avec des jeunes de lycées défavorisés. « L’école des Beaux-Arts a une réputation, elle peut impressionner, de nombreux jeunes imaginent, à tort, qu’elle n’est pas faite pour eux », reconnaît Jean de Loisy, directeur de l’établissement.
« La Via Ferrata obtient d’excellents résultats », félicite la Cour des comptes dans un rapport sur l’enseignement supérieur en arts plastiques publié fin janvier. Un nombre significatif d’entre eux parvient à intégrer l’Ensba. Les autres obtiennent d’autres écoles de qualité, comme l’Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne, la Haute école d’art du Rhin, les Beaux-Arts de Tours… La Cour salue notamment « l’accompagnement individualisé des élèves, la mise à disposition d’équipements de qualité pour leur pratique artistique et un dispositif de tutorat par d’anciens élèves ayant intégré les Beaux-Arts de Paris. Via Ferrata constitue une réussite en termes d’ouverture sociale ».
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