10 choses à savoir sur Frédérique Vidal, la ministre qui a lancé la polémique sur « l’islamo-gauchisme »
La discrète ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a déclenché une vive polémique en dénonçant « l’islamo-gauchisme » à l’université
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1. Recadrage
Jusqu’ici, pas grand monde ne connaissait son nom. Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a déclenché une vive polémique en pointant « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène la société dans son ensemble et l’université », puis en demandant au CNRS « un bilan de l’ensemble des recherches » en France. Cette sortie lui a valu un recadrage du président de la République qui a rappelé en conseil des ministres son « attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs ». Le même avait pourtant affirmé l’année dernière dans « le Monde » que « le monde universitaire a été coupable, a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon ».
2. Droite
Âprement critiquée au sein de la majorité pour ses déclarations, elle a cependant reçu le soutien du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, et de nombre de parlementaires des Républicains. A commencer par le très droitier député du Vaucluse, Julien Aubert : « Après nos alertes et la demande de création d’une mission d’information sur les dérives idéologiques à l’université en novembre dernier, Madame Vidal semble se ranger derrière nos inquiétudes. »
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3. Gauche
Quelle mouche a piqué la ministre ? Si elle n’a jamais montré de goût particulier pour la politique, elle s’était plutôt illustrée jusque-là au sein de « l’aile gauche » du gouvernement, participant notamment à des dîners en compagnie de Muriel Pénicaud, Elisabeth Borne ou Annick Girardin quand Edouard Philippe était à Matignon.
4. Université
La Conférence des présidents d’université n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler sa tribune publiée par « l’Opinion », le 26 octobre dernier, dans laquelle elle écrivait l’inverse de ce qu’elle déclare aujourd’hui :
« L’université n’est ni la matrice de l’extrémisme ni un lieu où l’on confondrait émancipation et endoctrinement. L’université n’est pas un lieu d’encouragement ou d’expression du fanatisme. »
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5. Biochimie
Biochimiste de profession devenue présidente de l’université de Nice-Sophia-Antipolis, elle fait partie du contingent de ministres issus de la société civile nommés en mai 2017. Avec d’autres de ses camarades non professionnels de la politique, elle partage plusieurs dîners au début du quinquennat. « La question récurrente entre nous est : “Vous non plus, vous n’arrivez pas à dormir ?” », raconte-t-elle.
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6. Nomination
Elle est en déplacement à New York lorsque Edouard Philippe l’appelle pour lui proposer le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. « Surprise », elle dit immédiatement oui, sans consulter son mari ni ses enfants, malgré le « changement radical de vie » qui l’attend. Elle ne connaissait pas le Premier ministre, mais avait rencontré Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Economie et avait participé à l’élaboration de son programme présidentiel.
7. Réformes
Malgré les manifestations de lycéens, d’étudiants et de chercheurs, elle réussit à faire passer deux réformes majeures du quinquennat : Parcoursup, qui introduit une sélection à l’entrée de l’université, mais aussi la très controversée loi de programmation de la recherche, qui a marqué une rupture avec la communauté intellectuelle. Il est reproché à cette loi d’être sous-financée, très idéologique et de mettre en péril la qualité scientifique, sans remédier à la grande misère des universités et de la recherche publique.
8. Précarité
Vilipendée pour son relatif silence face à la précarité grandissante des étudiants en raison de la pandémie, la ministre liste, elle, les mesures du gouvernement : repas universitaires à 1 euro, 22 000 emplois étudiants créés dans le tutorat, aides d’urgence accessibles via les Crous (500 euros) et aides pour les boursiers. Mais elle a également été critiquée pour sa gestion de la fermeture des facs, finalement rouvertes un jour par semaine en présentiel depuis le 1er février.
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9. Doute
La ministre regrette la perte de culture scientifique et de goût du débat dans la société :
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« Sur les réseaux sociaux, vous n’êtes qu’avec des gens qui vous ressemblent. L’altérité est essentielle. Le monde est complexe, la réponse n’est pas simplement un oui ou un non. Il faut réapprendre le doute méthodique. »
10. Régionales
Son nom a brièvement circulé pour porter les couleurs de la majorité présidentielle dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Quelques huiles de la macronie, notamment Christophe Castaner, aurait bien vu la Niçoise y aller. Mais c’est finalement un autre membre du gouvernement, Sophie Cluzel, chargée des Personnes handicapées, qui vient d’être nommée cheffe de file LREM en Paca.