A l’exception de quelques cours en présentiel, la plupart des étudiants suivent, depuis le mois d’octobre, leurs cours sur écran. Certains finissent leur journée avec une fatigue mentale, aussi appelée « Zoom fatigue », en lien direct avec le suivi des cours en ligne, qui s’inscrit dans un contexte plus global de stress engendré par la crise sanitaire, explique Charlotte Jacquemot, chercheuse en sciences cognitives à l’Inserm.
Pourquoi l’interaction par écran interposé demande-t-elle plus de concentration qu’une discussion en face à face ?
De nombreuses informations implicites passent par des signaux non verbaux, comme les expressions faciales, la gestuelle ou la posture. Ces signaux, les étudiants vont les cerner de manière moins saillante en visioconférence. En outre, le médaillon dans lequel apparaît leur professeur sur Zoom ou Teams est tellement petit qu’ils sont contraints de porter énormément d’attention à son visage pour distinguer ces données.
De la même façon, il n’y a plus de contact visuel avec l’enseignant, alors que c’est un vecteur très important qui permet de capter l’attention. Se voir soi-même à l’écran est aussi un objet de distraction, nous avons tendance à nous regarder, à vérifier si nous avons l’air sérieux.
Enfin, il y a une chose à laquelle on ne fait pas tellement attention, mais qui a des effets : c’est le délai de transmission. Les décalages entre l’image et le son rendent la communication moins fluide et demandent un effort supplémentaire pour traiter l’information transmise. Pour toutes ces raisons, la visioconférence requiert de l’énergie et de la concentration en plus : c’est de l’attention que les étudiants ne vont pas porter sur le contenu du cours en lui-même.
De nombreux étudiants « enchaînent » des visioconférences toute la journée. Est-ce contre-productif ?
Des expériences ont été menées avant le Covid-19 : des étudiants suivaient le même cours, pour certains en visioconférence et pour d’autres en présentiel. Elles ont montré que ceux qui étaient à distance se focalisaient davantage sur l’enseignant et la façon dont ils le percevaient que sur le contenu du cours.
Résultat : in fine, les étudiants n’avaient pas du tout la même compréhension du contenu ni la même perception du cours. Il est impossible d’avoir une attention aussi soutenue en distanciel qu’en présentiel pendant plusieurs heures d’affilée. La charge cognitive est si élevée que les étudiants vont rater des informations. Le contenu va être moins bien assimilé.
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