Peut-on entrer sur le marché du travail sans expérience professionnelle ? Depuis mars 2020 et le début du premier confinement, les stages, qui constituent une part importante de la formation en lycée professionnel, se sont raréfiés. Dans certains secteurs « à l’arrêt », comme l’hôtellerie et la restauration, les élèves peinent à trouver où se « placer » pour valider leur formation.
L’éducation nationale a pris la mesure du problème, et ce, dès le printemps 2020 : le nombre minimal de semaines de stage obligatoires pour l’obtention du baccalauréat professionnel et du CAP a été fortement réduit pour la session 2020 de l’examen. Et cette réduction a été reconduite pour la session 2021 : seules dix semaines sont nécessaires pour le bac pro, sur trois ans, et cinq semaines pour le CAP, sur deux ans – contre vingt-deux et quinze semaines, respectivement, en temps normal. « En pratique, je doute fortement que l’on refuse le diplôme à un jeune à cause du stage, estime Pascal Vivier, secrétaire général du SNETAA-FO, syndicat majoritaire des enseignants de la voie professionnelle. Dans les secteurs sinistrés comme l’hôtellerie et les services à la personne, la bienveillance va primer. »
Dans les lycées, les enseignants se démènent néanmoins pour trouver des places à leurs élèves. « On bataille pour positionner les jeunes de la filière cuisine dans certains hôtels, dans les restaurants d’entreprise et les collectivités, rapporte Loïc Mathis, professeur de service et commercialisation, au lycée François-Rabelais de Dugny (Seine-Saint-Denis). Il y a aussi des cuisines qui fonctionnent encore dans les ministères, des lieux avec lesquels on n’a pas forcément l’habitude de travailler. Mais la situation exige que l’on renouvelle nos carnets d’adresses. »
Pour les élèves de la filière service, les négociations sont encore plus délicates. « Il n’y a aucune place dans les restaurants, qui ne font plus que des repas à emporter, relate Loïc Mathis. Certains hôtels ont encore un room service, mais ils ont peur de prendre des stagiaires à cause du Covid. De plus, certains établissements tournent au ralenti et ont mis une partie de leur personnel au chômage partiel. Ils ne vont pas prendre nos élèves si leurs propres salariés ne travaillent pas. »
Les parents aussi inquiets
L’autre secteur problématique est la filière « aide à la personne », qui regroupe diverses formations débouchant sur de l’emploi auprès de très jeunes enfants et de personnes âgées. Deux secteurs particulièrement frileux, en temps de Covid. « Nos élèves sont soumis à la présentation de tests Covid négatifs pour effectuer leur stage, comme les professionnels », rapporte une enseignante de biotechnologie de l’académie de Montpellier, qui souhaite garder l’anonymat.
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