«Devoirs, cours, bulletins de notes... Nous avons les mêmes contraintes que tous les autres lycéens, mais on nous traite différemment». Manon, 17 ans, élève de terminale inscrite au Cned, le centre national d’enseignement à distance, ne décolère pas. Comme ses 3625 autres camarades inscrits en terminale réglementée (des lycéens du Cned ayant un certificat de scolarité, ndlr), elle a appris il y a quelques jours qu’elle allait devoir passer en juin des épreuves ponctuelles, remplaçant les épreuves E3C des lycéens classiques. «Cela signifie qu’il me reste deux mois pour réviser tout le programme de première et de terminale, pour plusieurs matières, et ce, alors que les élèves scolarisés dans des lycées normaux passeront leurs E3C en contrôle continu. C’est une injustice insupportable», explique-t-elle. Afin d’alerter sur cette situation, les lycéens concernés multiplient les appels sur les réseaux sociaux depuis quelques jours: ils ont mis en ligne plusieurs pétitions et ont enregistré une vidéo pour alerter les médias.

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Margot, 18 ans, est dans la même situation. Elle déplore le fait d’avoir été mise au courant très tard de cette décision. «Pendant des mois, nous étions dans l’incertitude, dans l’angoisse et dans l’attente de la décision qui allait être prise. Personnellement, cela a affecté mon travail et mon moral. Maintenant que le verdict est tombé, j’ai énormément de mal à me motiver sachant la charge de travail que je vais devoir fournir», témoigne cette jeune femme de 18 ans qui a choisi le Cned à cause d’une «phobie scolaire».

«Ce n’est pas normal»

«Nous ne pouvons pas rester dans une telle situation de stress», explique Amélie, qui se demande comment elle va pouvoir s’en sortir avec une telle charge de travail. «Cette situation me rend encore plus anxieuse que d’habitude, je ne dors plus la nuit, je multiplie les crises d’angoisse. Nous sommes totalement livrés à nous-mêmes, abandonnés. Et on nous traite de flemmards, on nous dit que nous aurions dû nous inscrire au lycée plutôt que de suivre des cours à distance», raconte-t-elle. Un jugement qu’elle juge totalement injuste: «La plupart des élèves inscrits au Cned sont fragiles psychologiquement, malades, ou ont des traumatismes par rapport à l’école. On nous méprise alors qu’on devrait faire encore plus attention à nous».

Même point de vue pour Ambre, scolarisé au Cned à cause de problèmes de santé et d’une mère «très vulnérable face au Covid-19» : «Je ne suis pas en grande forme, j’ai des problèmes de mémoire et je vais devoir réviser 1600 pages en deux mois. J’en aurais été dispensée si j’avais été dans un lycée traditionnel. Y a-t-il plus injuste?», interroge-t-il.

Les candidats libres pas épargnés

Une décision que ne comprennent pas non plus certains enseignants, qui ont décidé d’aider ces lycéens à alerter sur cette situation. «Ce n’est pas normal que ces lycéens soient obligés de passer ces épreuves alors qu’ils sont dans la même configuration que les autres élèves. La plupart ne sont pas au Cned par plaisir: ils sont malades, sportifs de haut niveau, ont parfois des difficultés familiales. Nous devons absolument les aider», explique David*, un enseignant du Cned qui se mobilise pour que la décision du ministère de l’Education nationale évolue.

Autres lycéens s’estimant lésés: les candidats libres inscrits au Cned. Ils sont un peu plus de 1500 et devront, en plus des épreuves ponctuelles, passer les épreuves de spécialité. «En résumé, on va devoir passer toutes les épreuves alors que nous aussi, nous pourrions être évalués en contrôle continu puisque nous rendons des devoirs tout au long de l’année et avons un bulletin scolaire annuel», témoigne Garance qui rappelle que l’an dernier, les candidats libres avaient «été traités comme tous les autres élèves de terminale». «C’est profondément injuste, nous sommes tous en panique et nous allons continuer le combat pour nous faire entendre», conclut-elle.

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