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L'université de Cergy s'associe à la gendarmerie nationale pour créer une école dédiée à la criminalistique

S'il existe en France des formations de criminologie, aucun établissement de l'Hexagone ne proposait de formation complète en criminalistique, l'étude des techniques pour identifier un criminel.
S'il existe en France des formations de criminologie, aucun établissement de l'Hexagone ne proposait de formation complète en criminalistique, l'étude des techniques pour identifier un criminel. NOEL CELIS / AFP

FOCUS - Cergy Paris Université ouvrira en septembre 2022 une toute nouvelle école chargée de former des experts du crime, en partenariat avec le pôle judiciaire de la Gendarmerie Nationale (PJGN).

Interprétation forensique, accidentologie, chimie organique, traçabilité numérique... Autant de cours auxquels assisteront à la rentrée scolaire 2022 les étudiants inscrits à CY Forensic School, la toute première école de criminalistique en France. Intégrée à l'université de CY Cergy Paris Université, l'objectif est de former des experts en crime pluridisciplinaires.

«Auparavant tout se faisait en interne, et nous perdions beaucoup de temps à former les personnes que nous recrutions», se souvient François Daoust, directeur de CY Forensic School et ex-directeur de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN). «Lorsque je travaillais à l'IRCGN, avant qu'une personne recrutée soit pleinement autonome, nous devions la former en interne durant une période allant de 6 mois à 3 ans, pour que la personne soit acculturée et qu'elle forme un tout cohérent avec la chaîne criminalistique et notre fonctionnement», explique au Figaro l'ancien commandant du pôle judiciaire de la Gendarmerie Nationale. La formation de CY Forensic School répondrait donc à un besoin logistique, mais aussi surtout à la nécessité de centraliser les savoir-faire et d'exploiter pleinement les nouvelles technologies indispensables à la criminalistique.

«Science forensique»

S'il existe déjà en France des formations dédiées à la criminologie, qui consiste à étudier les phénomènes criminels, aucun établissement de l'Hexagone ne proposait toutefois une formation complète en criminalistique, l'étude des techniques utilisées par la police, la gendarmerie et la justice pour identifier un criminel. Cette filière ultra-spécialisée consiste à apprendre comment «interpréter une scène de crime en faisant des prédictions dans le passé», mais aussi à réaliser et analyser des prélèvements dans le cadre d'une enquête. «La plupart des professionnels français du crime allaient se former à l'école des sciences criminelles de Lausanne, en Suisse, ou à l'université du Québec à Trois-Rivières, qui dispense une licence en criminalistique. Avec CY Forensic, nous espérons pouvoir former en France des techniciens qui ne seront pas enfermés dans leur domaine de prédilection, mais qui auront conscience du rôle à jouer de chaque acteur, que ce soit celui du biologiste, du médecin légiste ou de l'expert en numérique», détaille François Daoust.

Pour le colonel Philippe Davadie, directeur de l'enseignement de la recherche du PJGN, la création de cette école en partenariat avec le PJGN est liée à l'augmentation des demandes d'analyses considérées comme complexes il y a encore quelques années, mais qui sont aujourd'hui devenues des «actes du quotidien» : «nous ne sommes pas en mesure d'expertiser toutes les traces et tous les indices. Afin d'éviter d'être engorgés par les affaires, nous avons besoin de personnes qui puissent réaliser ces analyses, afin que nous, nous puissions nous concentrer sur le haut du spectre de la criminalité».

« Les professeurs d'université n'ont pas cette culture d'utilisation des sciences au profit de la résolution d'un crime, c'est pourquoi ce 'mariage' entre les scientifiques et les praticiens est nécessaire »

Colonel Philippe Davadie, directeur de l'enseignement de la recherche du PJGN

Les cours seront basés sur la méthode forensique, une méthode de raisonnement très particulière qui se veut holiste, regroupant toutes les méthodes d'analyse fondées sur la science (chimie, physique, biologie, informatique) et croisant les connaissances purement scientifiques avec la réalité du terrain. Pour cela, l'école compte mobiliser des universitaires, mais aussi des professionnels, qui seront notamment envoyés par le PJGN. «Les praticiens seuls sont limités et les professeurs d'université n'ont pas cette culture d'utilisation des sciences au profit de la résolution d'un crime», explique au Figaro le directeur de l'enseignement de la recherche du PJGN, «c'est pourquoi ce 'mariage' entre les scientifiques et les praticiens est nécessaire pour monter en puissance dans le domaine de la forensique».

Former des analystes de scènes de crime, mais pas seulement

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, tous les étudiants en criminalistique ne se destinent pourtant pas aux laboratoires et à la sécurité intérieure. Les assurances, les entreprises, les douanes, la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) ou encore le secteur de la banque recherchent activement ce type de profil, que ce soit pour analyser de faux documents, pour réaliser une expertise en toxicologie ou encore en accidentologie, notamment lorsqu'il s'agit par exemple de déterminer la cause, accidentelle ou non, d'un incendie. Des métiers «presque inconnus» d'après François Daoust, mais qui font partie de ces «nouveaux métiers» qui ont vocation à se développer face aux progrès techniques et technologiques, qui permettent aux experts d'élaborer «des analyses de plus en plus poussées».

Pour l'instant, l'école propose uniquement des formations courtes spécialisées, dont un diplôme universitaire d'analyse de documents, un autre en coordination des opérations criminalistiques, et un dernier, plus généraliste, en criminalistique également, mais destiné aux magistrats, médecins et journalistes. Pour devenir expert de la police scientifique, expert judiciaire ou expert en assurances, les étudiants peuvent en attendant effectuer leur troisième année de Bachelor au lycée Saint-Joseph, à Lorient, dans le Morbihan, où une spécialité criminalistique avait été ouverte par la CY Forensic School il y a un an. Prochaine étape : l'ouverture en 2022 de quatre Master, dont un généraliste en criminalistique et trois autres spécialisés en biologie forensique, en numérique forensique et en physico-chimie forensique, au choix.

L'université de Cergy s'associe à la gendarmerie nationale pour créer une école dédiée à la criminalistique

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1 commentaire
  • Martial

    le

    Je tiens à préciser que le bachelor en Science Forensique effectué à Lorient est pour le moment la seule formation (très complète) qui enseigne l’ensemble des méthodes lié à la criminalistique avec des professionnels (police, gendarmerie, pompiers, techniciens en identification criminelle…) Elle va rester unique pendant encore quelques temps…

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