Les salles de cinéma sont fermées, la production audiovisuelle est loin d’être à l’arrêt. Plus de 400 fictions, cinéma et télé confondus, ont ainsi été achevées en France depuis le mois de mai 2020, selon le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). A Paris, 5 000 jours de tournages (cinéma, audiovisuel, publicités) ont été comptabilisés en 2020, contre 5 465 jours en 2019. Au total, la capitale a accueilli 93 longs-métrages (103 en 2019), 64 séries (69 en 2019) et 223 films publicitaires (207 en 2019). Un « bilan assez satisfaisant » compte tenu de la période, indique la Mairie de Paris.
De quoi rassurer ces jeunes qui sortent des écoles de cinéma et d’audiovisuel cette année. « Globalement, sur la partie tournage, il n’y a pas eu de dégringolade de l’emploi », constate François Villet, directeur de l’Ecole internationale de création audiovisuelle et de réalisation (Eicar), installée à Saint-Denis. Olivier Poujaud, directeur de l’école Cinémagis de Bordeaux, ne constate pas non plus de « difficultés particulières » quant à l’insertion des étudiants. « Huit de nos étudiants sont actuellement employés sur une fiction télé qui se tourne près de Bordeaux », illustre-t-il.
Une tendance en phase avec l’essor des tournages dans la région. « Entre 2019 et 2020, le nombre de jours de tournage sur la fiction TV — et plus particulièrement les séries — a doublé dans la région de la Nouvelle-Aquitaine, en partie grâce à trois séries qui sont restées plus de soixante jours sur le territoire », observe l’Agence Livre Cinéma & Audiovisuel en Nouvelle Aquitaine (ALCA).
Crise de plein fouet
Mais si les domaines de la production, des tournages et de l’écriture continuent de recruter et d’offrir des débouchés aux étudiants, en particulier pour les fictions télévisuelles et les séries, les distributeurs et les exploitants de salles subissent la crise de plein fouet. « Pour les jeunes que nous formons à ces métiers, c’est très compliqué depuis que les salles de cinéma sont fermées, note Nathalie Coste-Cerdan, directrice de la Fémis. Nous avons beau mettre beaucoup d’énergie pour compenser cela, se projeter dans l’avenir dans ces filières n’a pas du tout la même signification qu’il y a encore quelques mois. »
Le Covid est « un prétexte en plus pour limiter le nombre de personnes sur les plateaux ». Olivier Poujaud, directeur de l’école Cinémagis
Pour certains métiers, en temps normal difficiles d’accès, la pandémie n’arrange pas les choses. Tanguy Matignon est en dernière année à la Fémis au département scripte. Un poste, selon lui, méconnu de la profession. « C’est un métier que les producteurs ont tendance à reléguer ou à oublier. S’il y a des économies à faire pour un film, sans parler de crise, c’est le scripte qui saute ».
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