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Diversité sociale : les grandes écoles avancent en ordre dispersé sur les concours

Poussées par le gouvernement, les grandes écoles de management planchent sur la réforme des concours d'entrée post-prépas pour accueillir plus de jeunes de milieux populaires. Elles viennent de créer un groupe de travail pour tenter d'aboutir à des propositions consensuelles avant l'été et les mettre en oeuvre en 2022.

La réforme des concours d'entrée en école de management visant à accueillir plus de jeunes de milieux populaires devrait intervenir en 2022.
La réforme des concours d'entrée en école de management visant à accueillir plus de jeunes de milieux populaires devrait intervenir en 2022. (Shutterstock)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 11 mars 2021 à 07:30

Alors que l'exécutif pousse les feux sur l'égalité des chances , les regards se tournent vers les grandes écoles de management, où la diversité sociale est jugée insuffisante - une situation rappelée dans des rapports récents . « L'envie de bouger est bien là, mais il va falloir s'entendre sur un dispositif », glisse un directeur d'école.

Pour attirer davantage de jeunes de milieux populaires dans les grandes écoles de commerce, plusieurs options sont sur la table. Mais les établissements ne sont pas d'accord entre eux. La Conférence des grandes écoles (CGE) vient de créer un groupe de travail pour tenter de trouver un consensus, alors que le gouvernement voudrait que les concours soient réformés en 2022.

A la tête de la commission diversité de la CGE, le patron de l'Essec, Vincenzo Vinzi aimerait que « le travail concertation soit finalisé d'ici la fin de l'année académique, pour annoncer quelque chose de concret » aux candidats en septembre prochain, un an avant qu'ils ne passent les concours.

Expérimenter les points bonus collectifs

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Parmi les scénarios, le plus spectaculaire a été suggéré par HEC Paris, dans le cadre du groupe de travail piloté par Martin Hirsch . Ce dernier expliquait la démarche, le mois dernier, lors d'un colloque organisé par le média spécialisé « News Tank » : « Elle consiste à jouer sur les bonifications, non pas de façon individuelle, mais par classe ». Face aux risques d'effet d'aubaine, peu importe qu'un élève « choisisse d'aller à Clermont-Ferrand plutôt qu'à Henri-IV, cela sera bénéfique », répond-il. Il y voit même le moyen de « valoriser d'autres critères que le niveau de bourses, comme la ruralité, la part d'enfants de non diplômés de l'enseignement supérieur, etc. » Il plaide pour une expérimentation « lors du prochain concours ».

D'autres écoles planchent sur des coups de pouce individuels. L'Essec envisage de donner aux boursiers « une deuxième chance à l'oral ». « Tout le monde n'étant pas sur la même ligne de départ, si à l'arrivée le résultat se joue à peu de chose, on peut prendre en compte le parcours d'un candidat », défend Chantal Dardelet, directrice en charge de l'égalité des chances. L'Edhec réfléchit à un système similaire, qui pourrait conduire à créer des places supplémentaires pour des boursiers.

« Si l'école républicaine ne fait pas suffisamment son travail, il faut prendre des mesures pour déverrouiller les choses, affirme Emmanuel Métais, le patron de l'Edhec. Mais il faut aussi veiller à ne pas remplacer une injustice par une autre », et donc ne pas diminuer les places d'étudiants non-boursiers.

Des étudiants contre la discrimination positive

A l'ESCP, le directeur général Frank Bournois évoque la bonification « d'un point ou d'un demi-point supplémentaire » pour ceux qui tentent le concours pour la deuxième fois. L'idée est de contrebalancer la sur-préparation de certains étudiants qui suivent des prépas intensives coûteuses. « Les étudiants boursiers peuvent rarement se permettre de financer une année d'étude supplémentaire », tacle-t-on dans une autre grande école.

L'ESCP va aussi lancer le dispositif « chances augmentées » en finançant, en août prochain, la venue d'une cinquantaine d'élèves boursiers qui sont en fin de première année de classe préparatoire, pour les préparer à l'oral du concours durant deux jours.

Lutter contre l'autocensure

La mise en place de bonifications dans les écoles réputées les plus élitistes inquiète des établissements moins cotés, qui redoutent de « perdre leurs boursiers ». « Ce qu'il faut, c'est augmenter le gâteau des boursiers », plaide Vincenzo Vinzi, qui veut lutter contre l'auto-censure dans les lycées.

Le sujet résonne avec les demandes des étudiants. « Il y a des lycéens qui ne savent même pas ce qu'est une grande école ou une classe préparatoire, tonne Etienne Loos, président du Bureau national des étudiants en école de management (BNEM). Dans un sondage mené auprès de 2.200 étudiants sur25 écoles, « près de 70 % des étudiants boursiers qui sont passés par une classe préparatoire s'opposent à ces mesures de discrimination positive, indique-t-il. On veut une réforme de fond, et pas de l'affichage ». Une difficulté de plus à gérer pour les écoles.

Marie-Christine Corbier

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