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En France, le luxe continue de créer des emplois, malgré la pandémie

Mettre en lumière la force du tissu industriel du luxe dans l'Hexagone, c'est l'objectif de l'état des lieux que vient de publier le Comité Colbert. Le secteur compte près d'un million d'emplois directs et indirects, de la maroquinerie aux parfums, aux vins et spiritueux. En cinq ans, il a créé 3.500 nouveaux postes. Et malgré la crise du Covid, qui a ébranlé le marché, neuf projets sont en cours, en majorité de nouveaux ateliers du cuir.

La mode, le cuir, et l'horlogerie-joaillerie sont les principaux employeurs dans le luxe (40 %), suivis des vins et spiritueux (17 %), et des parfums et cosmétiques (17 %).
La mode, le cuir, et l'horlogerie-joaillerie sont les principaux employeurs dans le luxe (40 %), suivis des vins et spiritueux (17 %), et des parfums et cosmétiques (17 %). (Mehdi FEDOUACH/AFP)

Par Dominique Chapuis

Publié le 10 mars 2021 à 10:15Mis à jour le 10 mars 2021 à 13:41

Le luxe, ses défilés, ses designers. C'est l'image « paillettes » d'un secteur qui draine plus de 200 milliards d'euros de recettes au niveau mondial, et dont la France demeure le leader. Mais le luxe, ce sont aussi des couturières, des artisans, des vignerons ou des chimistes. Une quinzaine de métiers souvent dans l'ombre, loin des podiums et des projecteurs, et qui, pourtant, sont en première ligne pour porter haut les savoir-faire tricolores dans le monde.

Au total, le secteur regroupe un million d'emplois directs et indirects dans l'Hexagone. « On parle toujours du luxe en évoquant ses clients et jamais la production. Nous voulons changer le regard sur cette industrie », clame Bénédicte Epinay, la nouvelle déléguée générale du Comité Colbert. C'est l'objectif de la campagne lancée mercredi par le Comité, qui réunit 85 maisons françaises. Avec, parmi ses messages : « Le luxe français continue d'ouvrir des sites en région », ou « Le luxe français, le plus ancien secteur d'avenir ».

Donner tort à Pompidou

Un clin d'oeil en réponse à une déclaration de Georges Pompidou en 1972, affirmant : « Chère vieille France ! La bonne cuisine ! […] La haute couture, les bonnes exportations… Du cognac, du champagne et même du bordeaux et du bourgogne […] C'est terminé ! La France a commencé et largement entamé une révolution industrielle ! » L'ancien président s'est trompé. C'est ce que montre l'état des lieux du Comité Colbert : « Non seulement le luxe français est un poids lourd de l'économie, l'un des plus gros contributeurs à sa balance commerciale, mais il est aussi un employeur majeur. »

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La mode, le cuir, et l'horlogerie-joaillerie en sont les principaux piliers (40 % des emplois), suivis des vins et spiritueux (17 %), des parfums et cosmétiques (17 %) et de la gastronomie, avec ses palaces et ses restaurants 2 et 3 étoiles (15 %). Les arts de la table ou encore le design complètent le tableau. Peu le savent, la France est leader dans la fabrication de flacons de luxe. La vallée de la Bresle (Seine-Maritime) regroupe près de 10.000 salariés (70 entreprises) qui fabriquent « plus de 70 % de la production mondiale pour la parfumerie, les spiritueux et la cosmétique », note le rapport. Plus connue, la Cosmetic Valley compte, elle, 3.200 entreprises, de Sisley, à Shiseido en passant par Coty ou Clarins. Un cluster avec centres de recherche et formation.

Si ces articles se vendent dans le monde entier, une grande partie de la fabrication est française. En cinq ans, le luxe a ainsi créé 3.500 postes en production sur le territoire. Parmi la vingtaine de sites sortis de terre, la majorité sont dédiés à la maroquinerie (10). Les métiers du parfum et de la cosmétique, avec Guerlain ou Chanel, ont inauguré 5 usines, avec plus de 900 emplois. Hennessy, et Veuve Cliquot ont eux de nouveaux chais et site logistique.

« Le choix de l'implantation est déterminé par plusieurs facteurs tels que l'existence de bassins historiques de savoir-faire », note le Comité Colbert. Chanel est ainsi le premier employeur de l'Oise avec 3 sites (parfumerie, cuir). Celui de Verneuil-en-Halatte va agrandir cette année. A Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier), Vuitton (LVMH) qui y est présent depuis 1990, a ouvert 4 ateliers (1.000  salariés) et un centre de formation. Un ​habitant sur 5 de la commune travaille ainsi pour la maison.

Des projets lancés

La crise du Covid, à ce stade, n'a pas rebattu les cartes. Le luxe a maintenu ses projets, surtout dans la maroquinerie. « Neuf nouveaux sites sont en cours de création, dont 8 dans le cuir, et un dans les métiers d'art, précise Bénédicte Epinay. Même si l'hôtellerie et la restauration ont mis un genou à terre, d'autres secteurs finissent mieux que prévu. » En grande forme, Hermès a lancé 6 projets entre 2021 à 2023, soit près de 1.500 nouveaux emplois en perspective à Louviers (Eure) ou encore Tournes (Ardennes). Car la demande, en Chine notamment, ne faiblit pas.

La principale difficulté est de recruter et former ces futurs artisans. Tous les groupes ont des formations internes, des écoles ou des partenariats avec des lycées. Longchamp a par exemple créé un programme d'ateliers-écoles dans l'Ouest, avec « 130 maroquinières formées au métier du piquage entre 2011 et 2018 ». D'ici 2025, le secteur doit pourvoir 10.000 emplois par an, liés en partie au départ en retraite. « Cela reste un secteur sous tension, reprend la déléguée générale. Il faut que les jeunes découvrent la diversité de nos métiers. Qui sait que Chanel recrute des biologistes ? La maison en a 250 dans son centre de recherche. »

Dominique Chapuis

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