Voilà des chiffres à prendre « avec des pincettes », disent les chefs d’établissement. A la veille de la publication, mercredi 17 mars, des indicateurs de valeurs ajoutées des lycées – les « IVAL », dans le jargon de l’école, fondés sur les résultats de chaque lycée au baccalauréat –, les proviseurs n’affichaient guère d’inquiétude.
Pas (ou très peu) de « suspense » cette année : avec un bac 2020 privé d’épreuves terminales et octroyé en grande partie au contrôle continu, en raison du Covid, le nombre de bacheliers (et, avec lui, les résultats des lycées) s’est envolé : 95 % des candidats inscrits à l’examen l’ont décroché, 68 % avec mention dans la voie générale, selon les résultats définitifs de cette session, communiqués début mars. C’est presque 7 points de plus que lors du précédent record, en 2016. Un niveau inédit, sans doute, mais qui n’a pas donné aux acteurs du système éducatif que des raisons de se réjouir : outre la crainte d’un examen « dévalué », l’enseignement supérieur a dû accueillir des milliers d’étudiants en plus. Une pression supplémentaire dont il se serait bien passé, en pleine crise sanitaire.
« Une photographie »
Mais l’éducation nationale tient à ses rituels. Si, de l’avis de nombreux proviseurs et enseignants, les 4 334 lycées publics et privés (sous contrat) de France n’ont pas attendu les IVAL pour « savoir où ils vont », le ministère défend, lui, l’intérêt de cette 28e édition. « Les IVAL, malgré le contexte particulier, offrent une photographie de l’action propre et de l’efficacité des établissements, soutient Fabienne Rosenwald, à la tête de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP). Un diagnostic détaillé qui peut être mis en discussion dans chaque lycée, une photographie transparente à verser au débat public. » Même si la comparaison dans le temps – entre 2019 et 2020 notamment – parait compliquée ? « Les lycées peuvent se comparer chaque année à ceux qui leur ressemblent », répond la directrice de la DEPP.
« Le bouche-à-oreille, la réputation l’emportent encore sur des chiffres complexes à manier », croit Philippe Vincent, à la tête du SNPDEN-UNSA
Sur le terrain, on tique un peu. « Quelle que soit l’année, les IVAL n’ont toujours qu’une valeur indicative, souligne Franck Antraccoli, proviseur à Nantes et porte-parole du syndicat iDFO. Ils sont sans doute plus difficiles à interpréter cette année, la bascule [de l’évaluation du bac] vers le contrôle continu impliquant nécessairement une part variable de la notation suivant les établissements. » Des réserves, aussi, de la part de Philippe Vincent, à la tête du SNPDEN-UNSA (majoritaire) : « La tangente de progression est annoncée d’avance, affirme ce proviseur à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Et après ? Je n’ai jamais vu un parent venir me voir en me disant qu’il souhaite que j’accueille son enfant parce que mes IVAL sont formidables. Le bouche-à-oreille, la réputation l’emportent encore sur des chiffres complexes à manier. »
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