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Mieux encadrer dans l’entreprise les salariés épargnés par un plan social

L’enjeu est de maintenir la motivation dans une organisation déstabilisée par les plans de départ.

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Publié le 17 mars 2021 à 06h00, modifié le 17 mars 2021 à 07h24

Temps de Lecture 4 min.

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«  Conséquence de ce sentiment de fournir un travail « ni fait ni à faire » tout en se donnant à fond : une baisse de l’estime professionnelle. »

« Pourquoi pas moi ? » : l’interrogation lancinante tourne en boucle dans la tête de salariés qui ont échappé à un plan de licenciement. Un sentiment de culpabilité peut gagner ces rescapés et se traduire par de la tristesse, de l’anxiété, de l’hypervigilance et, au final, une perte de l’estime de soi. De plus, ces « survivants » se sentent souvent en sursis : « J’ai sauvé ma peau, mais qu’en sera-t-il la prochaine fois ? »

Et ce mal-être est amplifié par le regard des autres. « Il peut y avoir des soupçons de compromission ainsi qu’un conflit de loyautés entre ses anciens collègues et l’organisation », explique Marc-Eric Bobillier Chaumon, professeur titulaire de la chaire de psychologie du travail du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). La charge mentale – ceux qui restent estiment devoir exceller dans leur travail – est très forte.

Or, malgré tous leurs efforts, le travail ne peut pas être fait comme avant dans une entreprise qui fonctionne en mode dégradé. Conséquence de ce sentiment de fournir un travail « ni fait ni à faire » tout en se donnant à fond : une baisse de l’estime professionnelle. Ajoutez à cela la méfiance envers les collègues, vus comme de potentiels concurrents, l’isolement qui en découle et « on assiste alors à l’effritement des piliers de l’identité professionnelle », explique Marc-Eric Bobillier Chaumon. Les salariés qui se sont construits uniquement sur cette identité et qui sont les plus engagés dans leur travail font partie des plus fragilisés.

Valérie (le prénom a été changé) est directrice marketing dans le secteur des médias. Dans le cadre du dernier plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de son entreprise, un quart des salariés de son équipe ont été remerciés. Elle estime être aujourd’hui « à la limite de la dépression ». En cause : la rupture du lien social et la perte de repères : « Je suis triste de voir des proches partir. Que ce soit mon boss ou des membres de mon équipe, je perds des personnes très importantes pour mon équilibre tant professionnel que personnel. » De plus, la quadragénaire ne se sent pas à l’abri d’une prochaine coupe claire dans les effectifs.

« Contents et coupables »

Médecin du travail depuis trente-cinq ans et autrice du livre Le monde du travail est devenu fou ! (Cherche Midi, 2020), Marielle Dumortier connaît bien le phénomène. « Ces salariés nagent dans l’ambiguïté. Ils sont à la fois contents et coupables de rester. Parfois, ils peuvent développer de l’agressivité et de la colère. Des désordres physiques, tels que l’hypertension, peuvent apparaître plusieurs mois après le plan de licenciement et parfois devenir des pathologies chroniques. »

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