VIDÉO. Virginie a le dessin et le tattoo dans la peau
Chaque semaine, Ouest-France présente un métier. Ce samedi, rencontre avec une tatoueuse. Depuis quatorze ans, Virginie Javoise, alias Miss Atomik, exerce à Rennes. Un métier de passion, où l’amour du dessin et la psychologie sont prépondérants.
« Bon, Nico, cette fois, on attaque l’avant-bras ? Tu es bien décidé ? » Le ton est direct, mais amical. Il faut dire que Virginie Javoise connaît bien son « client » du jour. « Cela va être le troisième tatouage que Virginie, enfin Miss Atomik, me fait. » Pas de stress particulier pour lui, donc. Ni pour la tatoueuse. Avant de venir, Nicolas a bien pensé à se raser le bras et y mettre de la crème.
Vérifications faites des dimensions et du placement du tattoo, Virginie invite Nico à prendre place dans son atelier, calé dans un confortable fauteuil, le bras posé sur un support. « Un tatouage peut demander plusieurs heures de travail, mieux vaut donc être bien installé ! »
Usage unique
Après avoir choisi aiguilles et capsules d’encre (toutes à usage unique), Virginie saisit son dermographe. C’est avec cet outil électrique qu’elle réalise les tatouages. Avant, il reste juste à positionner le stencil sur le bras du futur tatoué. « C’est le modèle du tatouage que je vais suivre afin de réaliser les tracés des aiguilles. Il m’arrive de travailler à main levée, lorsque la zone ou le motif le nécessitent ! »
Parfois, c’est Miss Atomik qui propose un visuel original. Mais dans le cas de Nicolas, la création s’inspire d’un dessin de l’artiste dada Picabia. L’intervention ne durera cette fois qu’un peu plus d’une heure, musique rock et soul couvrant le petit bruit strident des aiguilles. « Mais cela peut prendre une demi-journée, voire des mois, selon la taille et complexité du tattoo », note Virginie. Tatouage terminé, elle applique dessus un pansement. « À garder vingt-quatre heures », rappelle-t-elle. Le client est ensuite invité à revenir dans les quinze jours pour vérifier le résultat final.
« Une responsabilité »
Installée à Rennes, dans une ancienne boulangerie, depuis dix ans, Miss Atomik est l’une des tatoueuses les plus renommées de Bretagne. Son style, à la fois pétri de références rock, vintage ou marines, aux traits précis et riche en couleurs et ombrés, a fait sa réputation.
Parisienne d’origine, Virginie Javoise n’a pourtant pas commencé sa vie professionnelle comme tatoueuse. « J’ai arrêté l’école en seconde. J’ai fait plein de boulots : vendeuse ou caissière, responsable commerciale. Par contre, j’ai toujours baigné dans une ambiance rock, où beaucoup de mes potes étaient tatoués, certains étaient même tatoueurs… Et j’ai toujours adoré dessiner. »
À force d’y penser, Virginie a fini par se lancer. « J’avais plus de 30 ans, mais l’envie était trop forte. Et puis, détail important, je connaissais bien un tatoueur (Mikael de Poissy) qui a accepté de me transmettre les bases du métier. À l’époque, c’était l’unique moyen pour se former. Je pense que c’est toujours le meilleur… »
Un choix que Virginie, 48 ans aujourd’hui, ne regrette pas. « Le tatouage, c’est ma vie, ma passion. C’est artistique, certes, mais on entre également dans l’intimité des gens, souvent différents. Ils nous confient leur corps, leur peau, ce n’est pas rien… Il y a une responsabilité. Par contre, il y a des choses que je refuse de faire. Les visuels qui me rebutent, évidemment. Mais aussi de tatouer le cou, les mains ou le visage, sauf si les gens sont déjà très tatoués. Sinon, c’est trop stigmatisant. Les jeunes, mineurs, je refuse aussi. Le tatouage demande de la maturité. Pour en recevoir, comme pour en faire… »
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