JO 2024 : à Saint-Ouen, le futur lycée du sport devra-t-il se passer de gymnase ?

Le lycée Marcel-Cachin de Saint-Ouen, situé dans le futur village olympique, va être reconstruit sur site. Sans son gymnase de 1 000 m2, au grand dam des profs.

 Saint-Ouen, mardi 7 janvier 2020. Le lycée Marcel-Cachin va être démoli et reconstruit d’ici 2023.
Saint-Ouen, mardi 7 janvier 2020. Le lycée Marcel-Cachin va être démoli et reconstruit d’ici 2023. LP/Gwenael Bourdon

    Sur le papier, le projet a tout pour séduire. D'ici la rentrée 2023, le lycée Marcel-Cachin dressera des murs flambant neuf en lisière du futur village olympique, à Saint-Ouen. Aujourd'hui vieillissant, l'établissement va être reconstruit sur site, à proximité immédiate du cœur battant des JO de 2024.

    Et devenir par la même occasion un « lycée des métiers du sport », avec des options et formations nouvelles - dont certaines ont déjà commencé à se mettre en place.

    Mais la perspective soulève pour le moment bien des inquiétudes parmi les enseignants concernés. Le projet leur sera présenté en détail « courant janvier », promet le conseil régional, propriétaire du lycée, qui a attribué fin 2019 le marché de la conception, la construction et la maintenance de l'établissement à un groupement d'entreprises tiré par le constructeur Bouygues. Coût estimé du chantier : 50 M€.

    Le gymnase remplacé par deux salles plus petites

    Pour l'instant, les profs ont surtout retenu une chose : le futur lycée va perdre au passage son gymnase actuel, 610 m2 voués à la pratique sportive, voué à être rasé dès l'été 2020.

    L'équipement ne sera pas reconstruit, mais remplacé par deux salles de sport plus petites, et une aire extérieure. « Projet irrecevable », assène le SNEP-FSU, syndicat des profs de sport. « Les professeurs veulent des solutions à court terme, le temps des travaux, mais aussi qu'un terrain soit trouvé pour reconstruire un gymnase », précise Hugo Pontais, secrétaire académique du SNEP.

    Dans une motion votée lors du conseil d'administration du lycée, en décembre dernier, les profs d'EPS exprimaient déjà leur désarroi, à l'idée de se trouver sans gymnase dès la rentrée prochaine. « 1 500 heures sont enseignées au gymnase chaque année pour 800 élèves, précisait le texte. Ces heures devront donc être réalisées à l'extérieur du lycée, dans un contexte où les tensions sur les installations sportives sont déjà très fortes […] ».

    « Continuité des enseignements » pendant les travaux

    « Une rénovation globale est toujours délicate à mener, reconnaît-on du côté du conseil régional, propriétaire du lycée. Mais tout sera mis en œuvre pour garantir la continuité des enseignements sportifs durant la période de chantier. »

    La promesse laisse ce prof de sport sceptique : « Autour du lycée, le centre sportif de L'Ile-des-Vannes [NDLR : à L'Ile-Saint-Denis], puis le gymnase Pablo-Neruda vont eux aussi être en chantier de rénovation pour les Jeux. Les conditions vont être catastrophiques durant les trois années qui viennent… »

    Et le projet de reconstruction, tel qu'il se dessine, ne rassure guère les enseignants : « Peut-on envisager un lycée des métiers du sport sans gymnase digne de ce nom ? Nous ne pensons pas », écrivent-ils encore dans leur motion.

    « C'est très insuffisant »

    Le conseil régional tente de rassurer par la voix d'une porte-parole : « Le projet prévoit 665 m2 d'espaces couverts et une aire extérieure de 600 m2, c'est plus qu'aujourd'hui. » Outre une salle de sport de 360 m2, le lycée sera doté d'une « salle multisports équipée d'appareils de musculation, de steps », et de grands vestiaires de 110 m2.

    Voilà qui ne suffit pas à rassurer ce prof de sport : « Une salle de sport de 300 m2, c'est très insuffisant. Impossible d'y pratiquer des sports collectifs ! Vous imaginez 30 élèves là-dedans, censés pratiquer le basket par équipes de 5 ? Dans les faits, il y aura dix jeunes sur le terrain, et vingt qui patienteront sur le bord. C'est paradoxal quand, dans le même temps, on nous demande d'encourager la pratique sportive et de mettre en place de nouvelles options et mentions en lien avec le sport… »

    Campus des sports

    Dans la réflexion entourant la création du village olympique, à cheval sur les villes de Saint-Ouen, Saint-Denis et L'Ile-Saint-Denis, le lycée Marcel-Cachin devait initialement être reconstruit ailleurs, pour laisser la place à une gare routière. En 2018, la présidente (Libres, ex-LR) Valérie Pécresse avait finalement annoncé sa reconstruction sur site.

    Le nouvel établissement sera construit sur deux étages, libérant ainsi une partie de la surface qu'il occupait, qui accueillera un « campus des sports », aux contours encore flous.