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Transitions collectives : les listes des métiers porteurs disponibles mais en ordre dispersé

Le déploiement du dispositif "transitions collectives", prévu dans le cadre du plan de relance gouvernemental, s’appuie sur des listes de métiers porteurs, élaborées dans chaque région. La plupart sont établies mais diffusées de façon hétérogène.

Le 1er mars, le ministère du Travail a diffusé deux documents, l’un à destination des entreprises, l’autre à destination des salariés, détaillant, pour chacun de ces deux publics, les conditions de mise en œuvre du dispositif "transitions collectives", annoncé le 26 octobre 2020 par Élisabeth Borne et déployé depuis le 15 janvier 2021. L’objectif est de permettre aux salariés dont le poste est menacé d’être embauchés par une autre entreprise du même bassin d’emploi qui peine à recruter.

Secteurs qui peinent à recruter

Concrètement, les parcours de transitions collectives se construisent autour de plateformes territoriales dans lesquelles les entreprises ayant des salariés à reconvertir et celles ayant des besoins de recrutement se rencontreront, l’État finance tout ou partie du projet de reconversion en fonction de la taille de l’entreprise. Alors qu’un appel à manifestation d’intérêt a déjà permis de retenir 98 projets de plateformes territoriales à travers le pays (voir notre article), la mise en place des parcours de transitions collectives s’appuie également sur des listes de métiers "porteurs", définis par le ministère du Travail comme des "métiers émergents issus de nouveaux domaines d’activité ou de métiers en tension dans des secteurs qui peinent à recruter", élaborées dans chaque région par les Direccte après avis du Comité régional de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelles (Crefop). Comme le précise l’instruction du 11 janvier 2021 relative au déploiement des transitions collectives (voir notre article), ces listes doivent permettre "d’orienter prioritairement le financement des parcours de salariés vers ces métiers". Celles-ci ont été établies, pour la plupart, à l’échelle régionale courant décembre 2020 et commencées à être diffusées dès janvier.

Diffusion hétérogène

Une diffusion cependant parcellaire et hétérogène. Ainsi, dans six régions métropolitaines (Auvergne Rhône-Alpes, Bretagne, Centre/Val-de-Loire, Île-de-France, Occitanie et Pays de la Loire) ces listes ont été mises en ligne sur le site Internet de la Direccte concernée. Dans cinq autres (Bourgogne Franche-Comté, Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Normandie), elles ont été finalisées, comme l’a recensé le site AEF Info dans une dépêche du 23 février dernier, mais sans faire l’objet d’une diffusion publique ou alors par d’autres relais que les Direccte et les préfectures. Seules les listes de Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Corse ne seraient pas encore disponibles. 
On constate ainsi que dans le Grand Est par exemple, la liste a été publiée sur le site régional de l’association Transitions Pro qui, en tant qu’acteur de la reconversion professionnelle, accompagne la mise en œuvre du dispositif. S’agissant de la Normandie, on la découvre un peu par hasard sur le site de l’Union régionale des entreprises de proximité. Celle de la Nouvelle-Aquitaine a été transmise à Localtis après demande auprès de la Direccte.
La présentation des listes diffère également d’une région à une autre. Si certaines sont introduites par des éléments de contexte (Bretagne, Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Île-de-France, Normandie, Occitanie), d’autres sont livrées brutes. Dans la plupart, les métiers sont classés par grands secteurs d’activités où apparaissent notamment ceux déclarés comme prioritaires par le plan de relance (BTP, industrie/métallurgie, numérique, santé), avec parfois une catégorie intermédiaire (familles professionnelles par exemple).

Déclinaison infra-départementale

Par ailleurs, alors que l’instruction du 11 janvier précise que ces listes, "établies à l’échelle régionale fin 2020", "pourront être complétées/amendées en 2021 à une maille territoriale plus fine" et cela "aussi souvent que nécessaire", pour l’heure, ces listes n’ont pas été actualisées. "Il est prévu qu’elles soient enrichies, en fonction notamment des propositions issues des plateformes et des retours Opco, indique-t-on à la Direccte francilienne. En revanche, s’agissant de la déclinaison au niveau infra-départemental, nous n’en sommes pas encore là et il n’est pas encore certain que cela se fera en raison des spécificités de l’Ile-de-France où, en raison de la forte mobilité des salariés, la notion de bassins d’emplois est moins marquée que dans d’autres régions". 
Seule la région Centre-Val-de-Loire a d’emblée élaboré une liste par département, offrant une lecture plus fine des besoins. Elle permet en effet de savoir que dans le Cher, les métiers les plus en tension concernent les infirmiers/sages-femmes, tandis que dans l’Eure-et-Loir et du Loiret, il s’agit des cadres du BTP, dans l’Indre, des ingénieurs et des cadres de l’industrie, en Indre-et-Loire des ingénieurs de l’informatique, et dans le Loir-et-Cher, des techniciens et agents de maitrise des industries mécaniques.

Indicateur de tension

Autre approche, celle adoptée dans les Hauts-de-France : les 38 métiers "prioritaires" sont classés selon un indicateur composite calculé à partir d’un "indicateur global de tension" et de six indicateurs complémentaires qui "permettent d’identifier, en plus des causes d’intensité d’embauches et/ou de manque de main d’œuvre disponible, si la tension résulte également du manque d’attractivité pour le métier (non durabilité de l’emploi, conditions de travail contraignantes), d’un lien spécifique entre la spécialité de formation et le métier, ou encore de l’inadéquation géographique entre l’offre et la demande", précise la note d’accompagnement de la Direccte Hauts-de-France. Une approche similaire a été privilégiée en Nouvelle-Aquitaine.