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En Auvergne-Rhône-Alpes, l’économie du vélo tourne à plein régime

Boutiques spécialisées, voies de circulation réservées, aides financières à l’achat des collectivités, cluster : la région développe la filière du cyclisme à grandes enjambées.

Par  (Lyon, correspondant)

Publié le 24 mars 2021 à 15h00

Temps de Lecture 4 min.

L’engouement pour le vélo dans les nouvelles mobilités urbaines génère un véritable frémissement économique dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA). « Le vélo n’est plus seulement un loisir, il est devenu un vrai outil de mobilité. Depuis deux ans, on enregistre une nette accélération de l’activité économique dans tous les métiers de la filière, mais nous devons sortir de l’éparpillement des entreprises pour favoriser leur développement », analyse Anne-Sophie Caistiker, 30 ans, présidente du cluster Mobilité active et durable (MAD). Créé il y a moins d’un an à Lyon, ce groupement rassemble une soixantaine d’entreprises concernées par l’économie de la petite reine.

Tous les métiers sont représentés : fabrication, assemblage, conception, distribution, services, et même formation. Un cluster consacré au vélo ? Cette première symbolise la mutation en train de s’opérer dans la deuxième région économique de France.

Selon les données collectées par le cluster, la région AURA a enregistré une hausse de 15 % du nombre d’emplois dans le secteur économique du vélo, au cours de ces cinq dernières années, pour un total actuel de 432 emplois. La région compte une quarantaine d’entreprises entièrement consacrées au vélo, dont 71 % de micro-entreprises, sur les 207 que compte la France. Historiquement terre de bicyclette, avec sa géographie faite de cols alpins et de paysages aussi bucoliques que variés, et ses illustres marques telles l’ancienne Mercier et l’actuelle Mavic, Auvergne-Rhône-Alpes reste la première région productrice de vélos.

Donner de la cohérence et de l’élan

Mais l’activité ne résulte plus seulement des utilisations sportive ou touristique. Les préoccupations environnementales génèrent de nouvelles pratiques de déplacement. Les rues de Lyon ou Grenoble fourmillent de cycles, les boutiques spécialisées se multiplient. Les voies de circulation se sont métamorphosées en quelques mois. Et les collectivités appuient le mouvement par une série d’actions, qui vont de la modification des voiries aux aides à l’achat. A Lyon, la métropole envisage dans les trois ans la construction de deux cents kilomètres de réseau express vélo (REV).

« La demande explose, la crise sanitaire a donné un coup d’accélérateur », constate Anne-Sophie Caistiker, dont l’entreprise est spécialisée dans l’entretien et le recyclage de batteries de vélos. Répondre à la demande pour enclencher un nouveau cycle économique plein de promesses : c’est tout le virage qu’amorce la région. Sachant que 80 % de la production des vélos en circulation en France sont fabriqués à l’étranger, un boulevard s’ouvre aux acteurs de la petite reine.

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Territoires, qualité, circuits courts, tissus associatifs actifs, les régions ne manquent pas d’atouts. A condition de leur donner cohérence et élan. « Face à la hausse de la demande, le gros problème que nous rencontrons, c’est le sourcing, les achats de pièces. Le tissu économique est constitué de beaucoup de petites unités, de start-up, nous avons besoin de nous rassembler pour répondre à des problématiques communes », explique la présidente de MAD. Le cluster travaille ardemment à la réalisation d’une unité de production collaborative, qui permettrait aux petites entreprises de mettre en commun des phases de production et des achats de pièces.

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« Le marché est en attente. La difficulté, c’est l’approvisionnement en pièces usinées », confirme Guy Cavalerie, 64 ans. Ce mécanicien originaire de la Loire a créé sa propre marque de vélos, commercialisant quelques unités à des passionnés. Puis, à force d’essais dans son garage, il a réussi à inventer une boîte de vitesses automatique… pour vélo ! L’astucieux système de navette, relié aux pignons de différentes tailles, permet de changer les rapports sans activer de manette, et même des marches arrière. L’entreprise renommée Effigear s’est développée avec l’arrivée de David Roumeas, 33 ans, ingénieur des Arts et métiers, comme si deux générations se passaient le relais. La fameuse boîte automatique a été intégrée au vélo à assistance électrique (VAE).

Multinationale et TPE

La trouvaille a fini par attirer l’attention de l’équipementier Valéo, soucieux d’explorer de nouveaux marchés à côté de l’automobile. La multinationale et la TPE, basée dans un ancien entrepôt à fruits sur les contreforts du Pilat, ont conjointement conçu un produit performant. Le contrat de collaboration a été signé l’année dernière. Objectif : 200 000 ventes d’ici à 2023.

« En un an, il s’est passé plus de choses pour le vélo qu’au cours de ces dix dernières années », constate Cyrille Pierre, gérant de Centaur Bike

Un géant de l’automobile qui se met au vélo ? L’histoire confirme qu’il se passe quelque chose dans l’économie du vélo. « On crédibilise la filière du cycle auprès des industriels », se félicite David Roumeas. Assistance électrique, antivols, traceurs, location… « En un an, il s’est passé plus de choses pour le vélo qu’au cours de ces dix dernières années », abonde Cyrille Pierre. A 41 ans, cet ancien chef de production dans l’industrie agroalimentaire vient d’opérer une reconversion complète, pour ouvrir Centaur Bike, un atelier consacré au vélo, dans le quartier de la Croix-Rousse, à Lyon. Son idée : transformer les vélos classiques des particuliers en vélos à assistance électrique, en installant des moteurs aux pédaliers. « Cela évite un achat neuf, j’assure la durabilité des vélos en trouvant la solution pour chaque type de vélo », résume M. Pierre. En moins d’un mois, sa boutique a trouvé sa clientèle.

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un dossier spécial « nouvelles mobilités urbaines » pour le quotidien daté du 24 mars.

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