Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Pour les élèves magistrats, apprendre à écouter la parole des enfants

A l’Ecole nationale de la magistrature, les futurs juges ou procureurs se forment à analyser la parole des plus jeunes dans le cadre de violences familiales.

Par 

Publié le 25 mars 2021 à 10h00, modifié le 25 mars 2021 à 15h22

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Medhi (le prénom a été modifié) n’a pas encore 10 ans, il est là, souriant. Pendant une heure peut-être, son papa sera avec lui. Les boucles brunes du jeune garçon tranchent avec les cheveux blonds retenus par un catogan de son père. Le garçon se précipite vers un grand dessin sur lequel il travaille depuis des mois, une bande dessinée plus grande que lui, qu’il complète d’une case à chaque rencontre. Ce rendez-vous dans un local de l’association Œuvre de secours aux enfants (OSE) à Paris, c’est une occasion rare de renouer avec un homme aux nombreuses addictions et avec une mère malade, qui ne peuvent lui porter l’attention dont il a besoin. Un juge a donc confié Medhi à son oncle, « un tiers digne de confiance ». Les rencontres ont lieu sous le toit de l’association, sous le regard d’une éducatrice spécialisée. Le dessin que père et fils élaborent, case après case, raconte ce lien que la famille tente de retisser. A quelques pas, Vinciane Bodelot, 25 ans, élève magistrate à l’Ecole nationale de la magistrature, observe, et tente d’interpréter ce que le dessin veut dire.

Le mot « enfant », vient du latin infant : « celui qui ne parle pas ». La justice s’applique toutefois à entendre la parole des plus jeunes, et l’Ecole nationale de la magistrature (ENM) forme ses jeunes magistrats à mieux la recevoir. Un enjeu particulièrement fort, alors que le sujet de l’inceste connaît, à la faveur de la parution du livre La Familia grande (Seuil, 208 pages, 18 euros) de Camille Kouchner, un écho médiatique sans précédent – tandis qu’un texte de loi renforçant la protection des mineurs contre les violences sexuelles a été voté à l’Assemblée le 15 mars.

« Etre magistrat, c’est écouter la parole des gens et comprendre les circonstances dans laquelle la parole émerge », pose Sandra Barel, magistrate détachée, enseignante à l’ENM. Cette parole, il faut la décrypter pour être au plus près de ce qu’une personne veut dire, surtout quand elle est issue de quelqu’un de très jeune. « Il faut avoir des clés, et à l’ENM nous avons beaucoup progressé sur ce que nous donnent à voir les enfants », assure l’enseignante.

Ecole d’application

Une ombre plane toujours : celle de l’affaire d’Outreau, qui a contribué à déprécier la parole des enfants – dans la décennie qui a suivi, entre 2006 et 2016, les condamnations judiciaires pour violences sexuelles sur mineurs ont baissé de 24 % en France, selon les statistiques du ministère de la justice. Une occultation entretenue également par la théorie formulée par le pédopsychiatre américain Richard Gardner, aujourd’hui remise en cause, du « syndrome de l’aliénation parentale » et qui considère que, dans une situation conflictuelle, un enfant va rejeter l’un de ses parents sous l’influence de l’autre parent.

Il vous reste 62.47% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.