Les bras croisés, la posture droite et le regard fixe, la jeune femme esquisse un sourire rassurant. En arrière-plan de la photo, l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) semble lui ouvrir ses portes. La mise en scène est précise et directe, tout comme le message : « Soyez au cœur de la justice : devenez conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation. »
Cette campagne de recrutement lancée en janvier vient soutenir « un effort de recrutement sans précédent » pour ce type de poste : 350 places de conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) sont proposées aux différents concours d’entrée de 2021 (interne, externe et troisième concours) par l’administration pénitentiaire. Une centaine de places étaient traditionnellement offertes chaque année, avant la forte hausse débutée il y a trois ans. Cet effort de recrutement devrait se poursuivre en 2022.
« A la rentrée 2021, nous aurons + 37 % d’étudiants par rapport à la dernière promotion, tandis que les deux années précédentes, nous étions déjà à + 14 % et + 28 % », chiffre Christophe Millescamps, à la tête de l’ENAP, qui salue cette « augmentation croissante des effectifs pour pallier des services surchargés », au sein desquels « le ratio conseillers-usagers dépasse parfois le un pour 100 ». Un ratio bien supérieur à la norme européenne de 50 par agent. L’objectif du ministère de la justice pour 2022 est d’atteindre un conseiller pour 60 individus. « Ces nouveaux recrutements permettront de répondre au manque d’efficacité que connaissent certains services dans l’exécution de la peine », explique le directeur de l’école basée à Agen. S’il se réjouit de l’augmentation du nombre de places au concours, il s’inquiète néanmoins de sa mise en œuvre, que cela soit en matière de ressources matérielles ou humaines, alors que les élèves de l’ENAP sont logés sur place.
Prépondérance du droit
Que font exactement les CPIP ? Ces fonctionnaires (catégorie A) assurent une double mission : réinsérer les personnes sous main de justice et prévenir la récidive. En prison, ils aident les détenus à préparer leur sortie, leur réinsertion sociale et matérielle, et s’assurent de l’application des décisions de justice. Ils peuvent aussi travailler en milieu ouvert et veiller au respect des obligations imposées aux personnes condamnées à des peines restrictives ou à des mesures de semi-liberté. Quant à la rémunération des CPIP, elle est de 1 960 euros net en début de carrière et peut aller jusqu’à 3 210 euros. Il est également possible d’accéder au corps des directeurs, au bout de quelques années.
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