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Youssef Badr, magistrat : « Je suis convaincu d’être un miraculé »

J’avais 20 ans : « Le Monde » interroge une personnalité sur son passage à l’âge adulte. Cette semaine, Youssef Badr, magistrat, ancien porte-parole de la chancellerie, revient sur ses études de droit à l’IUT de Villetaneuse puis à l’université Paris-I.

Propos recueillis par 

Publié le 29 mars 2021 à 07h00

Temps de Lecture 9 min.

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Youssef Badr, dans les jardins du ministère de la Justice, à Paris, le 30 septembre 2019.

Derrière un imposant portail gris, c’est un homme avec un grand sourire aux lèvres qui nous ouvre la porte de sa maison, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Ce même sourire illumine le visage de Youssef Badr lorsqu’il nous montre, fièrement, des photos du petit village marocain d’où ses parents sont originaires. Aux yeux de ses oncles et de ses tantes, vivant là-bas, il est l’équivalent du « roi du Maroc bis », plaisante-t-il, en toute humilité. Car Youssef Badr est tout sauf orgueilleux. Il garde en tête ses années de travail sans relâche pour décrocher le concours de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM). Il n’oublie pas non plus les mains qui lui ont été tendues.

En 2010, il débute sa carrière comme procureur au tribunal de grande instance (TGI) de Meaux, avant d’intégrer le parquet du TGI de Bobigny en 2012, puis la juridiction interrégionale spécialisée du TGI de Paris trois ans plus tard. A sa grande surprise, le cabinet de Nicole Belloubet, alors ministre de la justice, le nomme porte-parole du ministère en 2017 : il acquiert à ce poste une visibilité nationale. Depuis 2019, il est coordonnateur de formation à l’ENM. Pour Le Monde, le magistrat revient sur sa trajectoire : celle d’un jeune passionné de rap, qui a grandi en région parisienne, à Eragny-sur-Oise (Val-d’Oise) – son père était ouvrier, sa mère femme de ménage. Celle d’un étudiant qui, animé par sa curiosité, une soif d’apprendre et de réussir, a été admis à l’un des plus prestigieux concours de la fonction publique.

Dans quel univers avez-vous grandi ?

Je viens d’une famille de paysans marocains, des gens très modestes et très pauvres. Mes parents sont originaires de Tagouriant, un petit village dans les montagnes, qui n’apparaît même pas sur les cartes. Il n’y a rien, même pas de mairie ou d’hôpitaux. Ma famille vient de là, donc je viens de là et j’en suis très fier. Mon père est arrivé en France, seul, à la fin des années 1970. Il travaillait en tant qu’ouvrier dans le bâtiment. Ensuite, par l’intermédiaire du regroupement familial, il a fait venir ma mère, mes deux frères et ma sœur. Je suis né en France, peu après. Pendant très longtemps, ma mère n’a pas travaillé car elle s’occupait de nous. Puis elle a été employée comme femme de ménage dans un centre commercial à côté de chez nous, à Eragny-sur-Oise, près de Cergy-Pontoise.

Quel était le rapport aux études dans votre famille ?

Nous n’avons jamais vraiment parlé des études avec mes parents. Ils ne pouvaient pas me pousser parce qu’ils n’avaient pas la moindre idée de ce que nous pouvions faire. En revanche, ma mère m’a toujours dit qu’il y avait deux choses qu’elle ne supporterait pas. La première, c’était qu’on amène des problèmes à la maison, à savoir la police. La deuxième chose, c’était que l’on se fasse remarquer à l’école.

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