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Ça peut servir

Réseaux sociaux : faire le buzz pour décrocher (enfin) un stage ou un premier job

Trouver une convention de stage ou un premier contrat relève presque de l'exploit en temps de crise. Mais en maniant les codes des réseaux sociaux, il est possible de tirer son épingle du jeu. Ceux qui ont réussi partagent leurs stratégies.

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(D.R.)

Par Fanny Guyomard

Publié le 29 mars 2021 à 07:00Mis à jour le 30 mars 2021 à 11:28

Son post de recherche de stage atteint 9.000 vues sur LinkedIn. Publié pendant le premier confinement, il est intitulé « LA LUTTE CONTINUE, LA RECHERCHE (DE STAGE) AUSSI⚠️ », lettres capitales et émojis accrocheurs. Le buzz a permis à Valentin le Cam , avec sa photo de lui masqué (à une époque où le masque n'était pas notre lot quotidien) de recevoir des offres et de décrocher un entretien avec le PSG . L'étudiant en master marketing à Kedge Business School n'a finalement pas été retenu, mais a trouvé depuis un autre stage grâce aux relations qu'il s'est faites sur le réseau. Son conseil : « Être persévérant et ne pas hésiter à y aller au culot, en demandant par exemple d'être mis en relation avec le RH de l'entreprise que vous visez. »

« Oser » est le slogan de Jade Croisan. L'étudiante au sein de la même école a trouvé l'alternance de ses rêves chez Louis Vuitton. Sa méthode : identifier dans ses posts LinkedIn d'éventuels employeurs, ainsi que le recommande Christel de Foucault, spécialiste en conseils de recherche de stages, alternances ou emplois. Sur LinkedIn, la conférencière aide bénévolement des jeunes à gagner en visibilité en commentant leur publication : « Cela peut permettre à leur post d'être vu par 1 % de ma communauté, sachant que j'ai presque 200.000 abonnés. Je peux aussi identifier une tierce personne susceptible de l'aider », détaille l'influenceuse.

Mais comment attirer l'attention… de Christel de Foucault ? « J'accepte tous les étudiants sur LinkedIn s'ils ont pris la peine d'appliquer les conseils que je donne sur ma chaîne YouTube pour remplir leur profil. » Le jeune postulant lui offre en retour plus de vues à sa chaîne : c'est donnant-donnant.

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Ne pas être dans la « majorité silencieuse »

Autre astuce : ne pas hésiter à aller commenter directement le post d'un employeur ou d'un influenceur dont le post sera vu par un éventuel employeur, conseille Christel de Foucault. « Mais beaucoup n'osent pas le faire », regrette-t-elle. Et de souligner que « sur LinkedIn, 90 % des gens font partie de la majorité silencieuse, 9 % lisent ou laissent des commentaires et 1 % publie des articles. Combien de jeunes parmi eux ? Ils ont leur place ! » Pour se démarquer, il faut donc gagner confiance en soi.

C'est ce qu'observe Florence Marty, dirigeante d'Ancarel, organisme qui forme des recruteurs : « Les jeunes qui sont les mieux armés face au marché du travail sont ceux à qui on dit : 'Regarde tout le potentiel que tu as et tout ce que tu peux apporter.' C'est un travail de recul sur soi qui n'est pas facile. »

Jouer sur les émotions et le timing

Une fois lancé, l'internaute doit jouer sur les émotions : « Pas la pitié, mais la joie, la surprise voire le dégoût et la colère si, à la fin, le jeune rebondit de manière positive, dans l'esprit 'moi je suis volontaire, j'ai envie de tout donner' », constate Florence Marty. Marquer les esprits, en somme. C'est ce qu'a fait Jade Croisan. Son post titré « TU OBTIENS DANS LA VIE CE QUE TU AS LE COURAGE DE DEMANDER ! », simplement illustré d'une photo où elle tient devant la tour Eiffel une pancarte « recherche alternance à Paris », a reçu près de 7.000 likes. Le post a le mérite de la clarté, en six phrases : accroche, domaine recherché, période, parcours professionnel et remerciements. Les hashtags mettent en relief les mots #achats, #luxe, #cosmétique et #mode.

Il y a aussi tout un travail autour du post, qui suppose de bien connaître l'algorithme de la plateforme. Le timing idéal pour sa publication, selon Jade Croisan, est « en horaires de bureau, et entre le mardi et le jeudi, car le vendredi les personnes pensent au week-end et le lundi elles ont trop de rendez-vous ! » Et comme l'algorithme aime les publications qui suscitent des réactions dans un délai très bref, l'influenceuse se tient disponible dans l'heure pour répondre aux commentaires. « Quand je veux qu'un post soit visible, je demande à mes camarades d'école de le liker et de le commenter rapidement après sa publication », indique celle qui rend la pareille.

Construire une identité numérique prend du temps

Mais au-delà de ces tactiques pour faire le buzz, la construction d'une identité numérique se fait sur le temps long. Valentin le Cam va tous les jours sur LinkedIn. « J'y lis des publications sur le domaine qui m'intéresse - le sport -, puis je les like et les commente, ce qui permet de montrer que je suis vraiment intéressé », explique-t-il. Il s'agit de se démarquer grâce à une ligne éditoriale, sans « se vendre directement ».

Comme Louise, 20 ans, en licence d'histoire à Paris-Dauphine et qui cherche un job d'été en librairie : elle relaie les réalisations de son association musicale sur Twitter, Facebook et Instagram. Ce sont des sortes de portfolios qui montrent directement ses compétences au quotidien. Et qui rendent le CV obsolète : « A l'école, une intervenante nous a appris qu'il ne fallait pas forcément être original dans le CV, mais être force de propositions dans notre lettre de motivation, dans la façon dont on interpelle les gens », expose-t-elle.

« Il y a trop de CV, ça fait trop demandeur d'emploi », signale d'ailleurs Christel de Foucault, qui conseille à la place de publier régulièrement un contenu original qui vous caractérise : une vidéo de présentation en chantant, une citation… « Ceux qui développent leur présence sur les réseaux sociaux uniquement en réclamant des choses, se plantent, conclut Florence Marty. Demandez-vous d'abord ce que vous pouvez faire pour le réseau. »

Fanny Guyomard

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