Le courriel est tombé mercredi 10 mars, peu après midi. Envoyé par la plate-forme Parcoursup, le message, lapidaire, s’adresse aux 17 000 candidats au concours commun des Sciences Po : « Compte tenu de la situation sanitaire, cette formation a décidé d’adapter ses modalités de sélection. » En clair, le concours n’aura pas lieu. Comme en 2020, les sept Instituts d’études politiques (IEP) du concours commun modifient drastiquement leur mode de sélection dans la dernière ligne droite. Une décision commandée « par la situation sanitaire », prise « la mort dans l’âme », assure Olivier Brossard, directeur de l’IEP de Toulouse et président du concours.
Fort de l’expérience du printemps 2020, le ministère de l’enseignement supérieur a demandé aux établissements organisant des concours qu’ils présentent chacun deux scénarios. Un plan A si la crise sanitaire est contenue, un plan B dans le cas contraire. « Il y avait une lueur d’espoir de pouvoir maintenir les épreuves », reconnaît Olivier Brossard.
Finalement, le réseau des sept IEP opte pour le plan B. Les candidats seront sélectionnés sur dossier, seule une épreuve écrite de « questions contemporaines », à distance, est maintenue, le 24 avril. Pour certains candidats, qui préparaient les concours depuis deux ans, c’est la douche froide. « Une déception de plus dans une année qui n’en a pas manqué », témoigne Joséphine, étudiante en droit, qui s’était déjà portée candidate l’année dernière.
Recruter des profils plus divers
Le maintien des examens en présentiel relève de l’impossible. « De nombreux candidats auraient été en difficulté pour se déplacer vers un centre d’examen. Ensuite, nous avons cette année 17 000 inscrits (contre 10 000 en 2020). Il n’est pas raisonnable de faire circuler tant de monde dans les conditions sanitaires actuelles. Certains candidats, devenus cas contacts ou contaminés, ne l’auraient peut-être pas déclaré par peur de perdre une chance. Enfin, avec la règle qui impose une distance de 4 mètres entre chaque candidat, les centres d’examens auraient été saturés », analyse Olivier Brossard. Sciences Po Grenoble, qui organise son propre processus d’admission, l’a également dématérialisé.
Quant à Sciences Po Paris et Sciences Po Bordeaux, ils avaient décidé, juste avant la crise sanitaire, de supprimer leurs concours au profit d’une sélection sur dossier et entretien. Une modalité qui, selon ces établissements, doit permettre de limiter les biais des concours, et ainsi de recruter des profils plus divers socialement et géographiquement. L’expérience de 2020 leur donne raison : avec une sélection basée sur les notes du lycée décidée en dernière minute en raison du confinement (en lieu et place du concours), les sept IEP ont recruté davantage de boursiers (27 %, au lieu de 16 % l’année précédente), et des jeunes issus de zones géographiques plus diverses qu’à l’accoutumée.
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