Ce lundi 29 mars, des étudiants en BTS se rassemblent devant le ministère de l’Éducation nationale afin de réclamer le contrôle continu. Depuis le début du mois, ces étudiants expriment leur désarroi via le hashtag #BTSCONTROLECONTINU. Ils ont même lancé une pétition, qui a déjà récolté plus de 27.000 signatures. Un mécontentement laissé sans réponse, du moins pas celle attendue: les épreuves écrites débuteront effectivement le 10 mai. Ces jeunes déplorent une année chaotique avec des cours à distance, ou annulés, trop de professeurs absents, et des stages tronqués. De plus, seuls les élèves de lycée peuvent suivre l’enseignement en présentiel. Les autres, issus d’instituts privés, se contentent du virtuel depuis octobre.

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La nécessité du recours au contrôle continu

«Nous ne disposons pas de la préparation requise», s’insurge Élodie, 30 ans, en BTS GPME (Gestions de petites et moyennes entreprises) en alternance dans un CFA (Centre de formation des apprentis) de Nantes. Elle s’oppose farouchement aux examens en présentiel. L’an passé, la promotion 2020 avait bénéficié du contrôle continu après «seulement» trois mois de crise, pointe Inès, 24 ans, en BTS GPME en alternance dans un CFA de Marmande. «Nous endurons cela depuis plus d’un an, et le gouvernement n’en tient pas compte.» Une différence de traitement sous le signe d’une «double peine». Le premier confinement avait déjà pesé sur le moral de ces élèves: «Entre les deux années du BTS, l’effectif de ma classe a drastiquement diminué, chutant de 30 à 10», témoigne Inès.

«Je pleure à chaque cours à distance désormais», poursuit Élodie. Après plusieurs années dans un secteur différent, elle a repris ses études dans l’administratif. Un retour en classe particulier depuis le début de la crise sanitaire. La jeune femme, qui travaille dans une firme d’aide à la personne, juge l’apprentissage scolaire «insupportable dans ces conditions». «Certaines matières nécessitent l’accompagnement en physique des professeurs, comme la comptabilité ou les ressources humaines», expose-t-elle. D’autres formateurs ne font même plus cours se contentant de «proposer des mots croisés et des pauses toutes les cinq minutes».

Élodie s’inquiète aussi de la contamination durant l’examen. «Il faudrait courir un risque sanitaire pour tenter de décrocher un diplôme hors de notre portée. D’autant que pour l’instant, aucune session de remplacement pour les malades du Covid-19 n’a été planifiée». Et de poursuivre: «Les individus positifs au virus au moment des épreuves seront soumis à un dilemme cornélien: mentir sur leur cas pour participer ou écoper d’un zéro et redoubler», raconte Élodie. Aussi hésite-t-elle à se présenter lors des écrits: «D’un côté, je redoute la contamination et de l’autre, je ne souhaite pas gâcher ces deux années de labeur».

Un enseignement dégradé par la crise sanitaire

La solitude s’avère plus aiguë encore pour les jeunes atteints de handicap. Anaëlle, 21 ans, effectue un BTS notariat à Aix-en-Provence. Dyspraxique, elle ne parvient pas à réaliser quelques gestes, ni à intégrer toutes les consignes. L’isolement nuit davantage à son instruction: «En visio, les enseignants ne peuvent pas me consacrer d’instants personnels, je suis réduite à me perdre continuellement dans le flot de leurs paroles», formule-t-elle. Elle souffle: «J’ai souvent imaginé renoncer.»

L’absence d’expérience professionnelle

Mathilde, 20 ans, en BTS Communication au Cned, a choisi de suivre les cours à domicile mais son problème se porte sur les stages. Impossible pour elle d’en trouver, ou du moins de travailler dans un contexte «convenable». «Le gouvernement a certes restreint le nombre de semaines obligatoires, de 16 à 4, pour des questions de faisabilité mais il exige néanmoins des compétences que nous n’avons pas le temps d’acquérir», reprend Mathilde. Cela force à la «ruse», explique-t-elle: «Les professeurs nous suggèrent de simuler afin d’occulter nos lacunes». Le mensonge donc, une méthode également conseillée à Robin, 23 ans, en BTS MCO (Management commercial opérationnel) en alternance. Au sein de L’Oréal Paris, il est placé en chômage partiel. À la fin de l’année, il est supposé mener un oral sur son expérience. En l’absence de celle-ci, son référent l’encourage à «rester approximatif», quitte à inventer.