Enquête (2/3)

Ecoles de jeu vidéo : «Tu ne peux pas gérer une team, t’es une femme»

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Sexisme, violences sexuelles, racisme… Après la culture du surtravail explorée dans un premier volet, «Libération» a recueilli la parole d’élèves qui pointent la persistance d’un virilisme toxique, d’une mentalité de boys’ club entretenue par des étudiants comme par certains intervenants. Les directions d’établissement, elles, se contentent la plupart du temps de détourner le regard.
par Marius Chapuis et Erwan Cario
publié le 8 avril 2021 à 17h00

«Une femme qui râle est une femme en bonne santé» ; «pourquoi tu ne vas pas plutôt dans la pub ou la com ?» ; «est-ce que tu es une féminazie ?» Quotidiennement bombardées de remarques sexistes vécues comme autant de micro-agressions, une dizaine de femmes de la formation de jeu vidéo de l’école Bellecour, à Lyon, ont entrepris de les consigner dans une sorte de journal de la honte. Elles pourraient y noter mille fois le «on ne peut plus rien dire avec vous !» qui accueille leurs réactions outrées. Même ambiance à quelques centaines de kilomètres de là, à Valenciennes, où l’on trouve trace d’une liste similaire rédigée par les étudiantes de Rubika. «Tu ne peux pas gérer une team, t’es une femme et l’équipe ne t’écoutera pas» ; «tes personnages féminins ne sont pas assez “féminins”, ils ne sont pas assez fins, pas assez jeunes, n’ont pas assez de formes»… Florilèges présentés aux directions des deux établissements, afin qu’elles ne puissent plus faire la sourde oreille, ces phrases isolées, une fois compilées, témoignent d’un climat général.

Dans le premier volet de notre enquête publié mercredi, nous révélions combien ces cursus de formation aux métiers du jeu vidéo poussent au surtravail, institutionnalisant une pratique toxique de l’industrie nommée le «crun

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