Diplômé à l’automne 2019 du Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD) de Lyon, Quentin Rebuffet n’a plus de revenus : « Je vis sur mes réserves, et, si ça continue, je vais devoir faire appel à ma famille. » A 29 ans, ce violoncelliste passionné par la musique de chambre a eu la malchance de subir de plein fouet l’impact de la crise sanitaire sur le secteur culturel : « C’est vraiment une histoire de calendrier. Avec toutes les dates de concerts annulés, je n’ai pas pu faire les heures qui m’auraient permis d’entrer dans le régime de l’intermittence du spectacle et, du coup, je n’ai pas pu bénéficier de l’année blanche. » Ses « réserves », il les doit aux quelques mois de cours qu’il a donnés comme remplaçant au conservatoire, au sortir de ses études. « Cela m’a permis de toucher le chômage, mais mes indemnités se sont arrêtées depuis deux mois », souligne-t-il.
Quentin Rebuffet fait partie de ces nombreux jeunes diplômés dans le milieu artistique coupés dans leur élan par la fermeture des lieux culturels. « Quand j’étais étudiant, jamais je n’aurais imaginé que, un an et demi après ma sortie d’une grande école, où j’ai eu de bons résultats, je me retrouverais sans emploi et dans une situation si précaire », témoigne le violoncelliste. Il a envoyé, en vain, des lettres de candidature pour « cachetonner » dans des orchestres, mais, « comme ils fonctionnent actuellement en mode réduit, ils font appel à moins de musiciens et privilégient, ce qu’[il] comprend, ceux avec qui ils travaillent déjà ». Quentin Rebuffet croise désormais les doigts pour que la dizaine de concerts qu’il devrait faire cet été dans des festivals puisse bien avoir lieu.
« Incertitude perpétuelle »
« Cela aurait dû être une bonne année, mais des dizaines de contrats ont été annulés à cause des mesures contre le Covid », dit, avec lassitude, Juliana Plançon. A 27 ans, cette violoniste en master 2 au CNSMD de Lyon a eu « la chance » d’obtenir son intermittence juste avant le premier confinement. Mais, depuis, « tout s’est annulé, hormis quelques contrats de captation avec l’Opéra de Lyon ». Et, avec la fermeture des écoles, même les interventions en milieu scolaire ont été stoppées.
Élise Noiraud, comédienne : « L’année blanche va entraîner de fortes chutes de revenus. Chez les intermittents, la bombe sociale arrivera à l’été »
Après cinq années de conservatoire, « sans compter les études préparatoires, j’ai de l’amertume et la colère commence à monter », ne cache pas la musicienne. Etant parvenue, malgré tout, à cumuler 250 heures en un an, elle est loin des 507 heures nécessaires au renouvellement de son intermittence et redoute de voir son taux d’indemnités baisser drastiquement.
Il vous reste 58.39% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.