Pas moins de 10 milliards de dollars en Chine, 1,2 milliard aux Etats-Unis, 1,3 milliard au Royaume-Uni, 2,6 milliards d’euros en Allemagne, 1,8 milliard en France, mais aussi en Inde, au Japon, en Russie, au Canada, en Israël… Les annonces pleuvent en ce moment autour d’innovations assez insaisissables : les technologies quantiques.
En quelques années, l’une d’elles, l’ordinateur quantique, qui était l’affaire de laboratoires de recherche et de scientifiques rêvant au prix Nobel de physique, est devenue un sujet stratégique pour beaucoup d’entreprises et de gouvernements. Et pour cause. Ce type de calculateur quantique fait sauter les limites de l’informatique actuelle. Des millions de fois plus puissante et infiniment plus rapide, elle ouvre un tout nouveau champ d’applications inaccessibles jusqu’à présent. Elaborer des molécules de synthèse pour capturer le CO2, développer rapidement de nouveaux médicaments en simulant un nombre infini de possibilités, imaginer de nouveaux matériaux pour les batteries du futur, anticiper des événements climatiques pour évacuer les populations à temps…
Si la théorie quantique a été formalisée il y a près d’un siècle, l’idée d’exploiter les propriétés de cette nouvelle branche de la physique pour créer un ordinateur plus puissant que les ordinateurs classiques date des années 1970. Mais ce n’est que depuis peu que l’informatique quantique sort peu à peu du giron de la recherche. « Au cours des quinze dernières années, il y a eu beaucoup d’argent injecté dans ce domaine et énormément de progrès scientifiques, qui ont permis le développement de l’unité de base du quantique, le qubit. On a pu construire les premières machines et développer des logiciels », constate Olivier Hess, directeur de l’IBM Quantum Hub France.
Faible consommation d’énergie
Certes, les premières machines qui ont vu le jour chez le canadien D-Wave, IBM, Google, Intel, Microsoft ou Atos ressemblent plus à des prototypes qu’à des ordinateurs du commerce, mais elles permettent d’identifier les problèmes qui pourront être traités par la technologie quantique, de développer les logiciels et de les expérimenter. Car l’informatique quantique impose de réinventer toute l’algorithmie. « Le nombre de brevets déposés sur le sujet augmente fortement depuis 2012 alors que le nombre de publications scientifiques est relativement stable. Cela montre que le sujet est passé des laboratoires à l’industrie », constate Michel Kurek, ingénieur et tradeur, auteur d’un rapport sur le sujet.
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