« Baromètre sécurité », sondage « Police - Population », « cote de confiance de la police » : les études sur la perception des forces de l’ordre – la police davantage que la gendarmerie – se multiplient alors que l’institution vit, de l’aveu d’un responsable policier, « des heures assez compliquées ». Mais que valent-elles ?
De prime abord, les résultats sont clairs. La population considère que la police est une institution majoritairement appréciée, avec une moyenne souvent proche de 70 % d’opinions favorables. Reprise en boucle par les médias, cette performance est également brandie par les ministres de l’intérieur successifs comme la preuve irréfragable d’une police estimée, dont la cote de popularité demeure élevée et dont le travail difficile, s’il n’est pas toujours reconnu ou salué, est du moins compris par les citoyens. A l’heure où le Beauvau de la sécurité, censé marquer un tournant dans l’histoire de l’institution, a été reporté sine die en raison des nouvelles mesures sanitaires, le débat n’a rien d’anecdotique.
A y regarder de plus près, les chiffres publiés à échéances régulières témoignent d’une réalité plus contrastée que ne le laisse supposer leur diffusion souvent abrégée, sinon incomplète. Ainsi, l’image de la police se dégrade nettement lorsque sont pris en compte un certain nombre d’indicateurs comme l’âge, la condition sociale ou le lieu de résidence notamment. « Le décrochage est particulièrement net chez les jeunes, analysent Eléonore Quarré et Théo Ponchel, respectivement directrice et chargé d’études au département opinion, politique d’OpinionWay. Dans cette catégorie de la population, le fossé avec les autres tranches d’âge est très marqué et tend à se creuser. »
Un récent sondage mené par cet institut pour l’hebdomadaire VSD témoigne de cette défiance : 67 % des 18-24 ans estiment ainsi que « la violence policière est une réalité en France » et 71 % que « les policiers qui commettent une bavure sont couverts par leur hiérarchie ». Deux opinions très largement supérieures aux scores enregistrés chez les 65 ans et plus (42 % et 39 %). « Il ne faut pas sous-estimer la confiance accordée d’office à la police, poursuivent Mme Quarré et M. Ponchel, mais il existe, au sein de la population, un mouvement de consolidation de l’opinion sur certains problèmes systémiques, comme celui des violences policières. »
Facteurs d’ordre historique
Il vous reste 71.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.