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82% des jeunes exerçant une activité professionnelle se disent optimistes pour leur entreprise, selon un sondage Ifop paru ce 11 mars 2021.

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Un an après le début de la pandémie, comment les jeunes voient-ils leur avenir ? C'est la question posée par l'Ifop auprès d'un échantillon représentatif de 1000 personnes âgées de 18 à 24 ans. Une classe d'âge qui est très loin d'être uniforme. "C'est l'un des groupes les moins homogènes (on n'est pas la même personne à 18 qu'à 24 ans) sur le plan social notamment", explique Romain Bendavid, Directeur de l'Expertise Corporate et Climat Social au sein de l'institut de sondage. Entretien.

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Quel est l'objectif de ce sondage ?

Au-delà des questions traditionnelles sur la crainte par rapport à leurs études ou aux risques sanitaires, l'objectif était d'avoir une idée de leur moral et surtout une vision de leur avenir en terme professionnel. Trois questions leur ont été posées. On a demandé à tous les 18-24 ans, quel était leur état d'esprit actuel, et on a interrogé ceux qui travaillent sur leur optimisme pour l'avenir et comme ils voyaient leur travail (un plaisir, une fierté...).

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Les jeunes broient-ils du noir comme on l'entend souvent ?

La question sur leur moral est assez emblématique des clivages très forts qui peuvent apparaître au sein de cette classe d'âge. Quand on leur demande dans quel état d'esprit ils se sentent actuellement, on a, de façon clinique, la même proportion d'échantillon, 49%, qui cite un terme positif (motivé, en forme, serein, confiant...) et 49% un terme négatif (fatigué, inquiet, stressé ou surmené).

Et si l'on regarde plus en détail, a-t-on plus de nuances ?

Oui, c'est le second enseignement de cette enquête. On a des profils très spécifiques. Le premier est basé sur le genre : 55% des jeunes hommes vont d'abord citer un terme positif sur leur état d'esprit alors que symétriquement, 54% des jeunes femmes mentionnent un terme négatif. Dans le détail, 21% d'entre elles parlent d'abord de la fatigue. La charge mentale est alourdie chez les jeunes femmes, comme chez l'ensemble des salariées.

La deuxième différence, plus logique, est fonction de l'âge: plus on est proche de 24 ans, plus on a de chances d'être inséré professionnellement, plus on va citer un terme positif. Les 18-20 ans vont être plus nombreux à indiquer un terme négatif.

Mais au-delà de ça, le principal clivage réside dans le fait d'avoir un emploi stable ou pas. Concrètement, 55% des jeunes actifs à plein temps citent un aspect positif alors que 56% (soit des inactifs, soit des jeunes au chômage ou à temps partiel) vont évoquer un terme négatif. C'est le cas aussi de 55% des étudiants et de 62% des étudiants en université. Ce qui n'est pas une surprise quand on connaît la galère que beaucoup d'entre eux vivent actuellement.

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L'insertion professionnelle est donc un élément clé dans la façon dont le jeunes vivent la crise ?

Chez les jeunes, la crise actuelle ne fait que renforcer le clivage entre les "insiders" et les "outsiders". On a d'un côté, ceux qui ont réussi à s'insérer, avec un emploi relativement stable (CDI ou au pire CDD) et qui mesurent la sécurité dans laquelle ils se trouvent et de l'autre, ceux qui n'y sont pas (encore en cours d'études ou alternant les "petits boulots") et qui voient au contraire que ça va être encore très dur cette année. C'est un élément beaucoup plus important que l'origine sociale que l'on retrouve dans les sondages auprès des personnes les plus âgées.

D'ailleurs, l'écrasante majorité de ceux qui exercent une activité professionnelle se disent optimistes. (La question sur l'optimisme n'est posée qu'à ceux qui ont un travail actuellement, ndlr). 82% sont confiants pour leur entreprise, 82% pour leur secteur d'activité et 80% pour leur situation professionnelle ! Cet optimisme se retrouve de façon très homogène selon les catégories de jeunes actifs (cadres, professions intermédiaires, ouvriers...), ce qui est beaucoup moins le cas chez les salariés plus âgés.

29% de ceux qui exercent une activité professionnelle disent que c'est d'abord un plaisir... Un effet du bel l'âge ?

Sur cette question des représentations associées au travail, on a aussi un échantillon divisé. 49% des jeunes exerçant une activité professionnelle évoquent un terme valorisant, soit le plaisir en effet pour 29% ou la fierté pour 20%. Et 48% citent un terme avec une autre connotation, soit une sécurité (20%), une routine (20%) ou encore une contrainte (8%). Ces clivages sont toutefois moins nets que chez leurs aînés. Quand on interroge l'ensemble des salariés, ces termes de plaisir ou de fierté chutent à 30% quand les mots moins optimistes grimpent à 68%. Il n'y a rien de magique. Cela est dû à l'insouciance inhérente à cette classe d'âge et au fait qu'ils n'éprouvent pas encore le sentiment de lassitude que l'on peut ressentir après quelques années de vie professionnelle.

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