La mise en place des cités éducatives doit obligatoirement s’accompagner, dans le Nord, de la création d’une cellule de prévention de l’évitement scolaire (CPES). Six ont été créées en 2019 dans ce département*. La commune, la Direction départementale de l’Education nationale et le préfet pour l’Egalité des chances co-pilotent chaque cellule. Ils signent un protocole de fonctionnement ainsi que leurs partenaires représentant le Parquet, le Conseil départemental et la CAF du Nord.
Il s’agissait dès le départ « d’éviter toute forme d’évitement scolaire et de mettre autour de la table tous les partenaires concernés » afin qu’ils partagent leurs informations», explique Emmanuel Cherrier, adjoint en charge de l’Enseignement à Denain. Les raisons de cet évitement scolaire, très diverses, ne se limitent pas, loin de là, aux situations de radicalisation avancées au départ et les cellules priorisent leur action sur les problématiques les plus prégnantes sur leur territoire.
Des raisons très diverses
A Lille, très concernée par l’instruction en famille (IEF), la cellule est très mobilisée sur ce sujet. La ville, l’Education nationale et la CAF croisent leurs données, « pour vérifier qu’aucun enfant ne manque », explique Charlotte Brun, adjointe chargée de la Ville éducatrice. La CPES contrôle aussi les conditions matérielles d’enseignement au sein des familles. Selon l’élue, les travaux de la cellule dans ce domaine « confirment que ces familles sont bien identifiées et qu’il n’y a pas d’évitement scolaire en tant que tel à Lille ». Par ailleurs, ajoute-t-elle, les informations recueillies ne mettent pas en évidence de situations d’absentéisme non prises en charge dans le premier degré. Cette année, 118 situations ont été examinées (96 en 2019-2020), donnant lieu à un seul signalement auprès du Procureur.
L’absentéisme ciblé
A Denain, « l’action de la cellule est fortement orientée sur l’absentéisme », dans le premier degré pour le moment, souligne Sabrina Hassouna, directrice du pôle « Education formation insertion » de la ville, référente de la cellule pour la ville. Les situations d’absentéisme (plus de quatre demi-journées d’absence non justifiée) sont communiquées par l’inspection académique ou lors de la réunion mensuelle rentre les directeurs des écoles publiques et la médiatrice scolaire de la ville. Celle-ci peut ensuite rencontrer les familles à leur domicile pour évoquer la situation et l’obligation scolaire, voire proposer d’intégrer l’élève dans le programme de réussite éducative. Si cela ne suffit pas, explique Sabrina Hassouna, les familles sont convoquées à la mairie pour un rappel à l’ordre solennel. Ces convocations sont très rares, ajoute-t-elle, mais « souvent suivies d’effet », ce qui évite un signalement.
En 2019-2020, sur 2500 élèves du premier degré, 86 situations ont été examinées, certaines avec un rappel à l’ordre, et 81 depuis septembre 2020, dont huit d’IEF et 16 de non scolarisation complète. Jamais pour des raisons de radicalisation, souligne Sabrina Hassouna. Les familles concernées sont plutôt en situation de grande précarité, et des parents qui « n’ont pas conscience de l’importance de l’école », selon Emmanuel Cherrier. Certains ressentent « une certaine défiance par rapport à l’école » ou peinent à se séparer des plus jeunes enfants, ajoute la directrice du pôle. La phobie scolaire, des problèmes médicaux ou de très nombreux déménagements justifient par ailleurs l’IEF.
La cellule de Roubaix, quant à elle, semble avoir mis l’accent sur les élèves de collège et lycée de moins de 16 ans.
Décrochage des ados
Si leurs profils sont très variés, « il y a souvent un schéma de famille monoparentale avec un jeune en difficulté ou en décrochage scolaire qui écoute plus les sirènes de la rue », résume Christian Belpaire, directeur du service. Le référent de la cellule dépend du service « Prévention et médiation », indique-t-il, et la ville a « créé une brigade de proximité au sein de la police municipale ». Ces agents ou les médiateurs de quartier rencontrent les familles repérées par les chefs d’établissements -environ 20 fois en 2020- pour rappeler aux parents et au jeune l’obligation scolaire. « Souvent, ils réagissent », ajoute le directeur de la Prévention, au moins sur le moment. Parfois, le référent informe le service Education et met en lien le jeune et ses
Thèmes abordés