De bon matin, le soleil réchauffe déjà les champs qui entourent Granges-les-Beaumont. C’est sur une parcelle de ce village de la Drôme, entre Romans-sur-Isère et Valence, que Thierry Leduc s’apprête à mettre en terre ses premiers plants d’épinards, de mâche et de betteraves. En 2011, cet ingénieur informatique, silhouette sèche et regard clair, a décidé de revenir en France, lâchant un salaire confortable en Suisse pour devenir agriculteur. Il garde de ses trente ans de salariat un souvenir amer «de cette ambiance d’open-space, de dumping social». Et une chemise impeccablement repassée alors qu’il empoigne une motobineuse sous une serre neuve.
Après avoir été l’employé de maraîchers, Thierry Leduc a obtenu en 2016 son brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole et cherchait un terrain pour s’installer. Mais ce «néorural sans réseau ni appui», dit-il, a connu «plein de fausses joies» avant de signer un contrat avec la Ceinture verte. Ce nouveau dispositif, qui propose des terrains équipés, un accompagnement technique et économique pour des installations en maraîchage bio, est porté dans la Drôme par une société coopérative d’intérêt collectif (Scic). Y ont contribué à parts égales ses trois fondateurs : la chambre d’agriculture du département, la communauté d’agglomération de Valence-Romans et l’association Ceinture verte, versant chacun 80 000 euros au pot commun.
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