Publicité
Décryptage

Au fait, quels sont les critères pour devenir astronaute ?

​Âge, taille, études, capacités en langue… pour être envoyé en orbite, les critères sont stricts. Décryptage.

Portrait de Thomas PESQUET, astronaute francais, au Salon international de l'Aeronautique et de l'Espace (SIAE), le 23 Juin 2017, Aeroport du Bourget, France.
Portrait de Thomas PESQUET, astronaute francais, au Salon international de l'Aeronautique et de l'Espace (SIAE), le 23 Juin 2017, Aeroport du Bourget, France. (NICOLAS MESSYASZ/SIPA)

Par Marion Simon-Rainaud

Publié le 17 févr. 2021 à 07:00Mis à jour le 13 févr. 2023 à 16:18

Vous avez toujours rêvé d'être astronaute ? C'est bientôt moment de postuler. L'Agence spatiale européenne (ESA) s'apprête à lancer sa quatrième campagne de recrutement d'astronautes, visant un « changement générationnel », avec aussi une volonté de sélectionner plus de femmes. L'appel sera ouvert à partir du 31 mars jusqu'au 28 mai 2021. Suivra ensuite une batterie de six tests pour les candidats retenus, et enfin en octobre 2022 on connaîtra le nom des quatre à six Européens choisis pour partir en orbite.

Lors de la précédente vague de recrutements en 2008, sur plus de 8.000 aspirants, moins de dix avaient franchi la ligne d'arrivée, parmi lesquels Thomas Pesquet, benjamin du corps européen des astronautes et fierté tricolore. Mais, avant tout cela, une première sélection s'effectue sur des critères d'ores et déjà annoncés. Quels sont-ils ? On fait le point.

Mesurer (de préférence) entre 1m55 et 1m90

Depuis 2011, après l'arrêt de la Navette spatiale américaine, l'ensemble des vols des Européens dans l'espace s'effectuent en majorité à bord des Soyouz, les vaisseaux emblématiques russes et plus rarement dans les véhicules chinois baptisés Shenzhou. Pour tenir dans ces vaisseaux exigus, les mensurations étaient cruciales. C'est pourquoi les critères de taille ont été érigés : mesurer au minimum 1m55 et maximum 1m90. Néanmoins avec l'avènement des vaisseaux américains SpaceX depuis 2020, conçus pour accueillir 95 % de la population étasunienne, la taille n'est plus un critère discriminant. Pour le plus grand bonheur des physiques hors normes.

Publicité

Être citoyen d'un des 22 pays membres de l'ESA

Pour postuler, il faut avoir la nationalité de l'un des pays qui composent l'agence européenne soit l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Suède, la République tchèque et la Suisse. Même si l'ESA collabore étroitement avec des tiers comme le Canada, Malte ou encore la Slovénie, seuls les citoyens des pays cités précédemment passent la première étape.

Avoir moins de 50 ans

Si vous n'avez pas dépassé la cinquantaine, l'âge n'est pas un critère discriminant. Seulement, l'ESA voudrait tout de même recruter des personnes âgées entre 27 et 37 ans de préférence. « Nous espérons que les astronautes que l'on recrute restent avec nous minimum quinze ans, nous indique le Dr. Guillaume Weerts, médecin spatial à l'ESA. Après un an de sélection, puis un an minimum de formation, on souhaite qu'ils fassent au moins deux missions. Or, la limite pour voler est fixée à 63 ans. » C'est pourquoi, les candidats de plus de 50 ans ne sont pas éligibles.

Avoir un master et au moins trois d'expérience professionnelle

Que ce soit dans le domaine des sciences de la vie et de la terre, de la médecine, de l'ingénierie, des mathématiques ou de l'informatique, il faut au moins être diplômé d'un master scientifique. « Avoir un doctorat est un atout, mais ce n'est pas un critère essentiel pour postuler, explique Zineb Elomri, responsable des ressources humaines au sein de l'agence européenne lors de la présentation faite mardi 16 février. On accepte aussi les candidatures de pilote d'essai expérimental ou ingénieur d'essai diplômés d'une école officielle au niveau maîtrise. » Pour ce qui est de l'expérience professionnelle, elle doit être au minimum de trois ans et a pu se passer dans des environnements variés : un laboratoire, un hôpital ou encore des travaux de recherches.

Être bilingue en anglais et maîtriser une langue supplémentaire

Parler un bon anglais est un impératif. Concrètement un niveau C1, c'est-à-dire « avancé » est attendu. Il faut également bien maîtriser une autre langue. Le niveau attendu est plus faible : B1-B2, autrement dit « intermédiaire/courant ». Concrètement, pour postuler, il faut aimer les langues et être à l'aise dans plusieurs, car dans l'espace la coopération est internationale. Thomas Pesquet parle anglais, russe, espagnol, allemand et même un peu chinois. Mais, contrairement à ce que l'on croit parfois, parler russe n'est plus obligatoire pour postuler puisque cela peut faire partie de la formation de l'astronaute une fois sélectionné.

Être très motivé, flexible et résister à la pression

Publicité

Avant tout ce qui est recherché reste une grande motivation. Les conditions de travail dans l'espace comme sur terre sont éreintantes pour les astronautes, l'ESA veut donc des personnes qui restent calmes sous pression, capables de vivre dans plusieurs pays, avec des personnes de nationalités différentes et de changer régulièrement d'environnement, mais aussi flexibles sur les horaires de travail et les missions demandées. En clair, être astronaute n'est pas de tout repos, et la cadence de vie ne peut pas s'accorder sur le traditionnel « métro, boulot, dodo. »

Sur le site de recrutement, il est demandé une lettre de motivation, un CV, un certificat médical spécifique et enfin de répondre à un questionnaire en ligne dont la teneur est encore inconnue. Mais nul doute que flexibilité, motivation et résistance seront les qualités attendues pour les missions à venir notamment sur la station spatiale internationale (ISS) et aussi sur la Lune avec le programme américain Artémis dans lequel les Européens ont déjà obtenu trois sièges à bord de la future station orbitale lunaire Gateway.

Marion Simon-Rainaud

Publicité