Récit

Haute fonction publique : l’Igas en petite santé

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Mediator, le procèsdossier
Après l’ENA, l’exécutif compte démanteler l’Inspection générale des affaires sociales, connue notamment pour avoir révélé les scandales du sang contaminé et du Mediator. En interne, les inspecteurs s’inquiètent et insistent sur leur indépendance.
par Eric Favereau
publié le 3 mai 2021 à 19h39

Avec son sourire narquois, Michel Lucas, chef historique de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), mort en 2015, aimait raconter cette scène. Il avait été chargé en 1990, par le ministre des Affaires sociales de l’époque, d’établir «une chronologie des événements» dans ce qui allait devenir l’affaire du sang contaminé.

C’était un dimanche. Un haut responsable de la direction de la Sécurité sociale l’appelle en toute discrétion pour lui dire qu’il a des documents à lui transmettre. Son rapport était quasi fini. Il se rend donc avenue de Ségur, et là de la main à la main on lui donne un «bleu», c’est-à-dire une feuille ministérielle non validée. Celui-ci, daté du 17 mai 1985 et écrit par le professeur François Jacob, conseiller à la recherche de Matignon, évoquait la décision de ne pas se précipiter pour lancer les premiers tests du VIH et demandait «que le dossier d’enregistrement d’Abbott soit encore retenu quelque temps au laboratoire national de la santé». Ce bleu, mis dans l’annexe du rapport, aura l’effet d’une bombe, révélant les tentatives explicites de retarder l’homologation du test américain pour sauver l’industrie française, au risque de laisser se développer les contaminations à une époque où l’on mourait massivement du sida. Et elle se traduira par l’ouverture d’un procès devant la Haute Co

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