Après le choc de l’annonce, la résistance s’organise. Dans les trois inspections générales, dont le corps va peu à peu disparaître, des inspecteurs se mobilisent pour tenter d’infléchir la décision d’Emmanuel Macron. Mardi 4 mai, une quarantaine d’entre eux lui ont a adressé un courrier pour l’alerter des risques de cette réforme. Par ailleurs, un collectif revendiquant une centaine de membres s’est créé au sein de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). Il publie une tribune sur le site Internet du Monde pour défendre leur métier.
Le 8 avril, le président de la République a confirmé que l’Ecole nationale d’administration (ENA) serait supprimée. Dans la foulée, l’exécutif a annoncé à l’inspection générale des finances (IGF), l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’inspection générale de l’administration (IGA) que leur corps respectif ne serait plus renouvelé. Concrètement, les services perdureront – des fonctionnaires continueront à effectuer des missions de contrôle –, mais plus aucun jeune ne pourra bénéficier du statut particulier des inspecteurs généraux. Manière pour le chef de l’Etat d’en finir avec ce qu’il assimile à une « protection à vie ».
Le courrier envoyé le 4 mai, dont Le Monde a obtenu une copie, est l’expression d’un ras-le-bol. Les quarante-quatre signataires, représentant « 70 à 80 % » des entrants à l’IGF, l’IGAS et l’IGA sur les quatre dernières années, assurent que « le climat accusateur entretenu depuis plusieurs jours dans les médias devient pesant ». Soulignant que beaucoup d’entre eux sont d’anciens fonctionnaires ayant déjà une expérience du terrain, ils rejettent « l’image du jeune “rentier à vie” qui ne cesse d’être évoquée dans les débats publics ». « Pas mal de choses fausses, voire injurieuses, sont dites sur nous », soupire l’un des membres du collectif de l’IGAS. Cette mobilisation est donc « une question de dignité ».
Soucieux de leur indépendance
Outre la lettre envoyée au président de la République, d’autres actions sont en préparation. Chez ces fonctionnaires habitués à la discrétion, sortir du devoir de réserve ne va pas de soi. Le scandale provoqué par la tribune des militaires du 21 avril publiée dans Valeurs actuelles, dans laquelle des officiers dénoncent « le délitement » du pays, les a fait hésiter. Mais ils ont décidé d’intervenir. « Ce que l’on souhaite, reconnaît la même source, c’est une prise de conscience en haut lieu, pas une prise de mouche. »
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