« A chacun son volontariat »

« A chacun son volontariat »

20 000 Français s’engagent chaque année dans le volontariat. Conditions, dispositifs, comment candidater ? Explications avec Christophe Ressiguier, chargé de mission territorial Régions Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine de France Volontariat.

Quelles sont les différentes formes de volontariat ?
Christophe Ressiguier : Nous avons l’habitude de dire : « À chacun son volontariat ». À partir de 15 ans, il existe des dispositifs permettant de s’engager 2 à 3 semaines, en individuel ou en groupe, en France comme à l’international, avec ou sans financements de l’État, grâce respectivement aux dispositifs JSI-VVVS, les chantiers internationaux et les congés de solidarité (jusqu’à 6 mois pour ce dernier). D’autres dispositifs permettent, par exemple entre 16 et 25 ans (30 ans pour les personnes en situation de handicap) de s’engager entre 6 et 12 mois, comme le Service Civique qui peut se réaliser en France comme à l’international, le Corps européen de Solidarité (pour les 18/30 ans – des missions plus courtes sont possibles). Ces dispositifs prennent en charge une part des frais de mobilité, une indemnité mensuelle et une couverture sociale. D’autres permettent de s’engager un à deux ans en mission, comme le Volontariat international de la francophonie (VIF, 18/34 ans), le Volontariat des Nations unies (VNU, à partir de 25 ans), voire jusqu’à 6 ans pour le Volontariat de solidarité internationale (VSI, à partir de 18 ans), et prennent en charge tous les frais. Le choix de l’un de ces dispositifs va dépendre de la motivation, de l’âge, du niveau de compétences et des exigences de la mission.

Quelles sont les conditions d'accès ?

Dans quel domaine est-il possible de faire du volontariat ?
C. R. : À peu près tous les domaines sont concernés. Cela est variable en fonction des dispositifs et des structures. Par exemple, l’engagement de service civique est accessible sans condition de diplôme ou de niveau linguistique et propose neuf grands domaines : culture et loisirs, développement international et action humanitaire, éducation pour tous, environnement, intervention d’urgence en cas de crise, mémoire et citoyenneté, santé, solidarité, sport.

Faut-il des compétences particulières voire un diplôme spécifique ?
C. R. : Oui, certains dispositifs tels que le VSI ou le VNU, nécessitent des compétences et parfois des diplômes spécifiques et un niveau linguistique. Par exemple, 73 % des VSI ont un niveau Bac + 5 et plus, dans différents domaines comme l’éducation, laformation, la santé, l’environnement, l’agriculture, l’économie… D’autres, tels que de service civique, valorisent la motivation et non les formations ou diplômes. Pour les domaines de l’agriculture, l’élevage et la sécurité alimentaire, ce sont environ 130 missions par an qui sont proposées. Certaines associations sont spécialisées sur ces thématiques, comme l’Afdi (Agriculteurs français et développement international) mais beaucoup d’autres travaillent sur ces thématiques ou mobilisent des volontaires sur des projets dédiés. Il y a par exemple des missions de recherches pour des projets forestiers auprès du Cirad, le renforcement des capacités des acteurs de chaînes de valeur agroalimentaire, l’appui à la conservation d’écosystèmes de mangroves par la mise en place de systèmes d’information géographique, le renforcement de la résilience des oasis et des communautés oasiennes…

Comment bien préparer son volontariat ?
C. R. : Une préparation au départ est fortement conseillée, et même obligatoire pour plusieurs dispositifs. Au-delà de la préparation administrative et technique, c’est aussi la préparation à la rencontre interculturelle, à l’engagement citoyen, et par exemple aux spécificités de la solidarité internationale qui doivent être abordés. Le délai est souvent de quelques mois entre la candidature et le départ. Plusieurs ressources sont disponibles : le site Internet de France Volontaires, dont les pages dédiées de nos Espaces volontariats qui présentent aussi les pays, les associations présentes, des témoignages de volontaires… Il existe aussi une littérature dédiée, comme les guides du réseau Ritimo « Partir pour être solidaire ? » et « le don, une solution ? ». Enfin, en matière de précaution à prendre, il est important de s’informer sur les dérives possibles du volontoursime et de ses conséquences1.

Combien de personnes chaque année s’engage dans le volontariat ?
C. R. : Chaque année, en moyenne 20 000 Français se mobilisent pour participer à des actions de développement et de solidarité partout dans le monde, sur des périodes variant de quelques semaines à plusieurs années, dont par exemple 2 699 missions de service civique dans 112 pays et 1 955 missions de VSI dans 93 pays en 2018. Parallèlement, 250 jeunes volontaires internationaux viennent aussi en France grâce à l’engagement de service civique en réciprocité, notamment près de 50 d’entre eux dans le réseau de l’enseignement agricole, public et privé, très impliqué à ce sujet en lien avec sa mission de coopération internationale. Bien sûr, l’impact de la Covid-19 sera important pour les années 2020 et 2021.

Quels « bénéfices » du volontariat pour les participants ?
C. R. : Les personnes qui s’engagent en volontariat souhaitent être utiles, contribuer à leur échelle à une action d’intérêt général sur des thématiques en lien avec les enjeux globaux. Cela s’articule souvent aussi avec la recherche d’expériences à l’international et pour certains, professionnalisantes. Les compétences acquises et l’expérience peuvent en effet être valorisées pour des études et un parcours professionnel. Le volontariat aussi donne la possibilité de vivre de nouvelles expériences et de s’ouvrir à d’autres horizons et à d’autres cultures. Ce que retiennent habituellement les volontaires, c’est qu’ils ont beaucoup appris sur eux-mêmes, développé leurs compétences et vécu une expérience humaine unique.

Comment trouver les structures à la recherche de volontaires ? Comment candidater ?
C. R. : Le site Internet de France Volontaires, qui précise les dispositifs, présente les pays et structures membres, partage des expériences et recense des offres, est une source d’information, mais aussi les sites Internet des associations membres - certaines sont spécialisées dans l’envoi de volontaires, d’autres sur des thématiques particulières – qui publient ponctuellement des offres. Il y a aussi les sites Internet de l’Agence du Service Civique, de Coordination Sud, de Relief Web, de Civiweb… qui publient des offres. Il s’agit alors soit de postuler à une ou plusieurs missions en particulier, soit d’adresser une candidature spontanée pour s’engager comme volontaire. Alors n’hésitez pas, candidatez !

—— Propos recueillis par Emmanuelle THOMAS (Tribune Verte 2692)
(1) https://www.france-volontaires.org/avant-levolontariat/attention-au-volontourisme/

Zoom sur FRANCE VOLONTAIRES

France Volontaires est la plateforme française des Volontariats internationaux d’échange et de solidarité. Opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères créé en 2009, la plateforme réunit l’État (dont les ministères de l’Éducation nationale et de l’Agriculture), des collectivités territoriales et des associations autour d’une mission d’intérêt général : le développement et la promotion des engagements volontaires et solidaires à l’international. Elle s’appuie sur une présence en France (hexagonale et outre-mer) et sur un réseau d’Espaces volontariats dans plus d’une vingtaine de pays, en Afrique subsaharienne, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, en Amérique latine/Caraïbes et en Asie